Avant-critique Roman

Ana Iris Simón, "Feria" (Globe)

Ana Iris Simon - Photo © Guillermo García

Ana Iris Simón, "Feria" (Globe)

Véritable phénomène éditorial en Espagne, le premier roman d'Ana Iris Simón traduit les déboires, les désillusions et les espoirs de sa génération.

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Par Kerenn Elkaim
Créé le 12.10.2023 à 09h00 ,
Mis à jour le 12.10.2023 à 17h04

Un avenir incertain. Les jeunes d'aujourd'hui sont scrutés sous toutes leurs coutures, analysés, enviés ou critiqués, mais comment se perçoivent-ils en cette ère tumultueuse ? Journaliste au quotidien El País, l'autrice espagnole Ana Iris Simón nous offre sa vision des choses. Bingo, le premier roman de cette trentenaire qui n'a guère sa langue dans sa poche est un best-seller ! « Nous sommes la première génération qui vit moins bien que ses parents. » Alors que ces derniers étaient déjà confortablement installés dans la vie au même âge, « nous, à l'inverse, n'avons ni enfants, ni maison, ni voiture. Tout ce que nous possédons c'est un iPhone et une étagère IKEA à trente euros. Mais nous nous sommes autopersuadés que c'est la liberté, parce que "qui sait où je serai demain". » Un avenir flou promis à l'ensemble des jeunes, alors que tout leur souriait. L'enfance douillette et gâtée laisse désormais place à une réalité moins reluisante. Les rêves sont envolés ; chômage, manque de perspectives et précarité s'imposent. « Je ne vois qu'incertitudes à l'horizon... » Pourquoi et comment en est-on arrivé là ? Dans son roman autobiographique, l'autrice répond en revisitant sa tendre enfance, y compris via ses photos personnelles. Elle décrit « une famille sans biens, ni racines, ni accent, mais qui connaissait la géographie nationale tout entière », puisque ces forains étaient nomades. Une existence à mille lieues de celle de ses parents facteurs, travaillant ensemble après leur divorce. « Mon père était témoin de la fin de l'Espagne », affirme la primo-romancière. Telle est la force de ce livre aux faux airs de légèreté. Plus qu'un récit intime, il brosse le portrait d'un pays traversé par des générations aux difficultés et aux aspirations différentes. Manuel Vilas (Prix Femina étranger 2019 pour Ordesa), qui signe une préface élogieuse, explique que Feria contient « une vision politique de la classe moyenne espagnole des années 1990. Pénétrer dans le tissu existentiel de la jeunesse actuelle incite grandement à repenser nos vies », et nos priorités.

 

Ana Iris Simón
Feria
Globe
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 22 € ; 272 p.
ISBN: 9782383612254

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