21 SEPTEMBRE - ESSAI France

Si l'élection d'Obama a généré un mouvement d'enthousiasme général, l'Amérique d'aujourd'hui suscite bien des angoisses. Récemment privée de son triple A par l'une des grandes agences de notation financière, la première puissance mondiale se retrouve face aux problèmes d'un déficit colossal (quasi 1 000 milliards de dollars), d'un taux de chômage avoisinant les 10 %, d'une croissance faible et de dépenses de santé en augmentation constante... Que s'est-il passé ? Les Etats-Unis avaient gagné la Seconde Guerre puis la guerre froide. En 1989 (chute du mur de Berlin), ils pouvaient sans doute s'imaginer être une hyperpuissance incontestée. Mais l'histoire n'est jamais écrite : il y eut les attentats du 11-Septembre, la crise financière et la tourmente économique. En vérité, l'Amérique depuis longtemps couvait son mal. Alors, est-ce à dire que c'est le déclin de l'empire américain ? Ou sommes-nous simplement devant une pénible phase de mutation ? Hervé de Carmoy établit un diagnostic sévère mais non sans espoir, selon Alexandre Adler, qui signe une éclairante ouverture à cet essai. Abordant les diverses facettes de la situation (démographie, secteur financier, innovation technologique, politique étrangère, questions militaires), l'auteur dresse de manière méthodique les points forts et les points faibles. Cet ancien dirigeant de banque exhorte à un retour à une certaine régulation, en pointant les excès d'un "nouveau Far West financier" irresponsable.

L'Amérique, qui représente encore un quart du PIB mondial et peut certes avoir recours à la planche à billets, devra sans doute changer son rapport à la consommation ("Entre 1993 et 2008, l'endettement moyen des particuliers est passé de 70 % à 140 % de leur revenu disponible") et dépasser ses blocages idéologiques à l'égard de la fiscalité ("General Electric a déclaré plus de 14 milliards de dollars de résultat net en 2010 mais ne paie pas d'impôts"). Sa gageure pour les années à venir : réinvestir dans l'éducation, la recherche, le capital-risque, les infrastructures. Car "souvenons-nous qu'il n'y a pas d'exemple de bonne finance sans bonne industrie".

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