Souvenirs, souvenirs. Ce n'est pas « Et au milieu coule une rivière » mais « Et au milieu figure un trou ». Cet album original est en effet traversé de bout en bout par une forme creuse, un rond découpé dans le carton qui évoque une absence et ancre des souvenirs d'enfance. Ici, le rond représente le soleil qui darde ses rayons sur une plage et ses baigneurs ; là, l'intérieur bruissant d'un coquillage ; et ailleurs encore, une noix de coco prête à tomber. De page en page, on retrouve la forme ronde du trou qui se métamorphose en divers objets ou éléments, mais tous liés à l'enfance de l'autrice dans l'île de la Réunion parmi le sable, les fougères et les goyaves. Tous les enfants peuvent cependant s'approprier le territoire et le rêve auxquels invite ce livre car les parties de billes ou le plaisir lié à l'échange de sucettes ne sont pas spécifiques à des souvenirs de l'océan Indien mais sont au contraire universels. L'origine de la conception de l'album ? Elle est piquée des vers au sens propre. Anne-Margot Ramstein déclare avoir eu l'idée de cet album après avoir manipulé un vieux livre rongé par les vers. Ce trou creusé comme une galerie à travers tout l'ouvrage a symbolisé pour elle ce qui a disparu, le passé. Pour les couleurs, elle a opté pour des teintes liées à l'enfance, entre autres vert pomme, rouge pompier et coloris pastel comme délavés par le soleil. Quant à la gouache, elle adoucit le dessin, souvent géométrique.