Après ces deux années folles, quel est l'objectif n° 1 du SLF pour l'année 2022 ?
S'il fallait définir un objectif prioritaire, ce serait sans doute d'aider les libraires à mieux comprendre les fluctuations et les évolutions de leur environnement dans un contexte très bouleversé par la crise sanitaire, la crise internationale et les changements d'habitude de consommation. Nous devons mesurer combien ce sont les fondamentaux de notre métier qui nous ont permis d'être plébiscités pendant la crise sanitaire. Et en même temps, nous devons être conscients que tout bouge autour de nous et que cela impacte notre métier : les pratiques de lecture évoluent, la vente en ligne continue de croître, les problèmes de pouvoir d'achat touchent aussi nos clients, le livre d'occasion se développe comme le livre audio numérique, l'inflation impacte nos charges et nos marges... Dans ce contexte, le libraire doit donc être à la fois ancré et mobile !
Les libraires témoignent d'une période très éprouvante pour les équipes, avec beaucoup de départs, tandis qu'on voit arriver une vague de nouveaux libraires. Les rangs de la profession se sont-ils étoffés ou amoindris ?
Nous ne constatons pas de vague de départs. Au contraire, beaucoup de libraires ont embauché pour faire face à la croissance forte de l'activité en 2021. Cependant, nous sommes conscients que notre profession n'échappe pas aux interrogations que beaucoup de salariés, notamment jeunes, se posent sur leur relation au travail ou sur l'équilibre avec leur vie privée. La rémunération n'est pas la seule réponse, mais elle en fait partie et, à cet égard, nous réitérons notre appel aux éditeurs et aux pouvoirs publics en faveur d'un plan ambitieux permettant de revaloriser les salaires en librairies. C'est aussi cette évolution de la relation au travail qui fait fleurir des vocations de libraires chez des personnes en reconversion. Nous estimons à une centaine au moins le nombre de librairies créées ex-nihilo entre 2020 et 2021.
Quel mot d'ordre voulez-vous faire passer les 3 et 4 juillet aux Rencontres nationales de la librairie à Angers ?
Un mot de rassemblement. Notre profession a été formidablement soudée pendant la crise sanitaire. Elle est encore réunie contre la perspective d'une fusion entre Editis et Hachette. C'est aussi la force de ce collectif - autour du SLF mais également des associations et des groupements de libraires - qui nous permet de garder le cap même par gros temps. Les défis qui nous attendent le justifient toujours davantage.