On dit souvent que les Malgaches sont incapables de dire non. Ce n’est pas tout à fait vrai. Mais cela fait partie des clichés habituels sur un peuple sur lequel il en circule beaucoup d’autres – et certains moins agréables. Si les clichés reposent sur un fond de vérité (admettons-le pour la clarté de l’exposé), voici une nouvelle collection qui semble faite pour le pays où je vis : « Ceux qui ont dit non », chez Actes Sud Junior. Quatre premiers titres, autant de parcours exemplaires, d’attitudes empreintes de noblesse : Victor Hugo contre la peine de mort, Victor Jara contre la dictature, Rosa Parks contre la discrimination raciale, Lucie Aubrac contre le nazisme. On aurait pu imaginer des essais biographiques, voire des « éclats de biographies », comme le dirait Pierre Assouline. Murielle Szac, qui dirige la collection, a fait le choix du roman bref. Parfois un peu grandiloquent, comme c’est le cas de celui qu’elle a elle-même consacré à Victor Hugo. Le ton est plus retenu, plus juste me semble-t-il, chez les autres auteurs : Maria Poblete sur Lucie Aubrac, Nimrod (très présent dans l’actualité éditoriale) sur Rosa Parks et Bruno Doucey sur Victor Jara. La figure centrale de chaque livre ne limite pas le discours : un complément d’information, en texte et en photographies, complète le roman. Ce sont de beaux petits objets, conçus avec un goût très sûr, sans esbroufe mais efficace. Pour la suite, on attend à l’automne des ouvrages sur Joseph Wresinski, Non à la misère , et Victor Schoelcher, Non à l’esclavage . Si les éditeurs étaient en panne d’idées, je suggère d’autres sujets, mais il va falloir chercher les personnages emblématiques de ces causes : non à la clope, non au téléphone portable, non au sexe, etc. Pas tout à fait, je le reconnais volontiers, dans le même registre.