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Arnaud Lagardère : « Cela ne sert à rien de crier avant d’avoir mal »

Arnaud Lagardère : « Cela ne sert à rien de crier avant d’avoir mal »

Auditionné à son tour par le Sénat jeudi 17 février, le dirigeant du groupe Lagardère a affirmé sa confiance en Vincent Bolloré : « L’ennemi n’est pas en France, l’ennemi ce sont les Gafam », a-t-il expliqué aux sénateurs.

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Par Pierre Georges
Créé le 17.02.2022 à 19h23 ,
Mis à jour le 18.02.2022 à 20h15

Après Vincent Bolloré, puis les représentants des éditeurs, libraires et auteurs, c’était au tour d’Arnaud Lagardère, à la tête du groupe Lagardère (qui possède, entre autres, Hachette), d’être auditionné, jeudi 17 février, par la commission d’enquête sur la concentration dans les médias au Sénat. Pendant près de deux heures, l’homme d’affaires français, dans le contexte d’une OPA imminente de Vivendi sur son groupe, a été interrogé par les sénateurs. Le rapprochement avec Vincent Bolloré et la possible fusion d’Hachette et d’Editis qui en résulterait étaient bien sûr sur toutes les lèvres.  

« Je suis infiniment reconnaissant à Vincent Bolloré, que je connais depuis 30 ans. Je ne suis pas du genre à donner un coup de pied à quelqu’un qui m’a donné un coup de main. Vivendi est un groupe qui va nous donner les moyens de nos ambitions », a lancé d’emblée l'héritier de Jean-Luc Lagardère, évoquant une OPA « amicale ». 

L’ennemi : les Gafam

Si l’OPA ainsi que la notification aux autorités de la concurrence de Bruxelles sont imminentes, Arnaud Lagardère n’a rien voulu dévoiler des projets de Vivendi. « C’est dans les mains de Bruxelles d’abord, puis de Vivendi. Il y aura sûrement des solutions, qui éviteront des catastrophes. Pardonnez-moi, je ne fuis pas la question, mais je ne veux pas l'anticiper non plus, même si elle est d’actualité », a-t-il lancé. Avant d’ajouter, à l’intention de ses salariés : « Je ne veux pas que les gens, chez Editis, et surtout chez nous, anticipent des catastrophes, des cessions, des découpages, même si on sait qu'il y a des secteurs dans lesquels on sera extrêmement dominants, qui pourraient poser problème à Bruxelles ».

« Mais ne vous trompez pas d’ennemi, l’ennemi n’est pas en France, l'ennemi ce sont les Gafam. Je sais qu’un grand éditeur célèbre [Antoine Gallimard, ndlr] vous a dit hier que les Gafam n’étaient pas un problème. Je ne suis pas un grand joueur de Scrabble mais je sais que dans Gafam il y a deux A et même si cela ne vaut qu’un point au Scrabble, dans notre vie cela vaut énormément. Le A c’est Amazon, et ce n’est pas rien », a ensuite lancé Arnaud Lagardère aux sénateurs. Il y a quelques semaines, Vincent Bolloré s’était aussi justifié par le même argument. 

Une « pseudo concentration »  

« La vraie concentration dans ce métier serait que le distributeur ait une velléité d’être aussi éditeur. Notre place, on la défend, mordicus, et je ne vois pas pourquoi il serait interdit d’avoir de l’ambition, même en France, au nom d’une pseudo concentration qui de toute manière sera réglée par Bruxelles. Cela ne sert à rien de crier avant d’avoir mal », s’est-il hasardé. 

La veille devant la même commission d'enquête, trois représentants de la filière du livre avaient rappelé leur hostilité à l'acquisition à venir de Lagardère par Vivendi. « Il est souhaitable que le un et le deux ne fusionnent pas », avait affirmé Antoine Gallimard. Il avait estimé que « notre situation [était] quand même relativement précieuse par rapport à l’étranger. Il ne faudrait pas qu'une énorme masse vienne casser tout ça ». De son côté, Christophe Hardy, représentant des auteurs, avait évoqué un « vrai risque démocratique et civilisationnel » et un « péril pour la diversité éditoriale ». 

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