Trente-trois textes qui ont bousculé la physique, une histoire des féminismes de 1789 à nos jours, une analyse des grands récits des Lumières, du nazisme, du néolibéralisme… Ces thèmes peuvent être alléchants, comme intimidants. Pour attirer un large public, les bibliothèques de Bordeaux, avec l'Université populaire de Bordeaux (UPB) et l'Ecole supérieure de théâtre de Bordeaux Aquitaine (éstba), ont imaginé un cycle de conférences mensuelles où les plus de 13 ans rencontrent des historiens et des scientifiques. Avec quelques idées à la clé pour les rendre attrayantes.
Convival et artistique
Déjà, la conférence commence par un apéro. Puis l’éstba offre un « flash artistique » : un court moment littéraire théâtralisé par des élèves comédiens, en lien indirect avec le thème de la conférence.
Débat mouvant
S’ensuit le lancement d’une affirmation polémique en rapport avec la conférence qui va suivre. Exemple : « L’historien oriente le cours de l’histoire », ou « Sans historien, la vie humaine n’aurait pas de sens ».
Un débat est ensuite lancé au sein du public, qui forme deux camps : « pour » et « contre ». « Le but de cet exercice n’est pas de tomber d’accord, mais de creuser la complexité de la question soulevée et d’argumenter sa position en tentant de convaincre le « camp » d’en face. Le débat est mouvant, car dès que le camp adverse nous dit un argument qui nous fait changer d'avis, on peut physiquement changer de camp, et autant de fois qu’on veut », éclaircit Marie-Pierre Rassat, chargée de l’action culturelle aux bibliothèques bordelaise.
Arpentage
Et quelques jours avant la conférence, des volontaires sont invités à lire l’ouvrage de l’invité et de préparer des questions. Mais pas tous seuls : le groupe se retrouve dans un salon (cosy, idéalement), se voit confier un extrait à lire sur place, en fait une restitution subjective, et toute l’équipe propose des questions que seront posées à l’auteur. « Il s’agit d’une technique de lecture collective et subjective d’un ouvrage scientifique qu’on aurait du mal à lire seuls. Cela permet de désacraliser le savoir et de s’approprier des écrits parfois techniques et peu accessibles tout en les liant avec un vécu, des expériences », définit l’université populaire de Bordeaux, qui mène ce qui s’appelle un « arpentage ».