Cap au nord. La quarantaine alerte, études à New York, soldat d'élite en Bosnie, journaliste d'investigation au Moyen-Orient et en Afghanistan, ayant vécu en Amérique latine et depuis quelques années à Marseille, le norvégien Aslak Nore pourrait − et ce serait déjà pas mal − n'être qu'un aventurier cosmopolite tel qu'on les rêve. Mieux que cela, c'est un écrivain, un maître du roman noir sur fond d'espionnage et d'enjeux géopolitiques. Le cimetière de la mer (Le Bruit du monde, 2023, réédité ces jours-ci en « 10/18 ») en amena l'éclatante démonstration. Les héritiers de l'Arctique, deuxième tome de sa saga autour des fortunes, des infortunes et des secrets trop bien gardés d'une grande famille d'armateurs norvégiens, creuse le même et fructueux sillon (précisons que s'il s'agit d'une sorte de suite, le volume peut parfaitement se lire indépendamment du précédent). Il serait illusoire d'en résumer l'intrigue qui se déploie sur plusieurs décennies de l'après-guerre à nos jours. D'ailleurs, la note que tient sans faiblir Aslak Nore procède moins des péripéties du récit, que d'un climat, d'une musique. Les passages obligés du genre se colorent d'une sorte de romantisme propre aux espaces infinis de ce Grand Nord, du Haut-Arctique, qu'explore le livre. Depuis John le Carré, aucun romancier d'espionnage ou du noir n'était ainsi parvenu à une telle maîtrise formelle et narrative. À suivre, assurément.
Les héritiers de l'Arctique
Le Bruit du monde
Tirage: 8 000 ex.
Prix: 25 € ; 540 p.
ISBN: 9782493206251