Françoise Nyssen tire pour la première fois dans nos colonnes le bilan de son passage au ministère de la Culture à l'occasion de la parution de son témoignage Plaisir et nécessité (avec Laure Adler, Stock, 5 juin). Ces dix-sept mois n'ont pas été une sinécure. L'éditrice et désormais ex-ministre était insuffisamment préparée à la « violence politico-médiatique », reconnaît-elle. Mais elle a pris ses responsabilités « très à cœur » avec la volonté d'œuvrer « pour l'accès à la culture partout et pour tous », soit, pour le livre, par l'extension des horaires d'ouverture des bibliothèques, soit par l'encouragement à l'accès à la lecture dans les écoles. Pour les auteurs, si la hausse de la CSG n'avait pas fait l'objet d'une compensation sans grever le budget de la rue de Valois, elle aurait été prête à démissionner, révèle-t-elle.
Las, un an après les premiers « états généraux du livre », le 22 mai 2018, les auteurs organisent le 4 juin à Paris leurs deuxièmes. A vrai dire, ils n'ont jamais vraiment quitté le sentier de la guerre depuis leurs premières manifestations spectaculaires il y a quatre ans à Angoulême, Montreuil et Livre Paris. Les associations historiques membres du Conseil permanent des écrivains, qui ont négocié la révision du contrat d'édition avec le Syndicat national de l'édition, militent face aux pouvoirs publics pour la reconnaissance du statut social de l'ensemble, certes un peu disparate et néanmoins considérable des quelque 100 000 auteurs français. Et la toute nouvelle Ligue des auteurs professionnels, créée en septembre 2018, est venue donner à leur combat un tour plus activiste, notamment sur les réseaux sociaux.
Pris dans la tenaille de la hausse des prélèvements obligatoires et du recul des ventes, tandis que la production éditoriale reste élevée, ils ciblent cette fois le partage de la valeur au sein de la chaîne du livre. Mais le débat risque d'être long et complexe dans un contexte où la contraction du marché s'impose à l'ensemble des maillons de la chaîne.