Il n'y a pas eu de transe ce soir-là... Mais un agréable sentiment de détente et des rires. Bernard Werber est excellent conteur, de sa voix douce accordée à une belle diction, accompagnées par d'envoûtantes mélodies à la harpe de Francœur. Le duo se produit mercredi 19 janvier au Théâtre des Trois Baudets à Paris, aux pieds de la butte Montmartre. Ce soir-là, ils nous font plonger dans « cinq petits voyages intérieurs », comme l'annonce l'écrivain, auteur du récent La prophétie des abeilles paru chez Albin Michel et a écoulé près de 130 000 exemplaires.. « Décroisez les jambes pour ne pas bloquer les énergies », poursuit-il, avant de nous inviter à nous mettre à l'aise en retirant les chaussures et en desserrant les ceintures.

La soirée commence. Sur un écran est projetée une première animation : les origines de la création défilent, une série d'images s'enchaînent, du Big Bang aux années hippies en passant par les périodes puritaines de notre Histoire. Puis spatialement, nous sommes emmenés dans la voie lactée. Le public est alors invité à fermer les yeux et à se concentrer sur trois de ses sens : la vue, le toucher et l'ouïe. Bernard Werber sonde la salle: « Pour qui ça a fonctionné ? Pour qui ça n'a pas fonctionné ? ». Le public réagit, l'expérience est collective, les réactions sont personnelles, on s'interroge alors, pourquoi nos consciences sont-elles si bigarrées ?

« Essayez d'imaginer voir partir votre conscience de votre corps, maintenant quittez la salle, puis les toits des Trois Baudets, regardez toutes les lumières de la ville à présent, vous voyez maintenant Paris sous vos pieds... », narre Bernard Werber pour l'expérience de « l'île personnelle ». Nous voici maintenant sur une terre insulaire, installé dans une cabane créée de toutes pièces par notre imaginaire, en train d'écrire un message de notre inconscient sur une feuille que l'on vient de récupérer d'un tiroir. Puis, dans un autre tiroir, un second papier, sur lequel nous devons rédiger la réponse à ce premier message. « Pour qui ça a fonctionné ? Pour qui ça n'a pas fonctionné ? Qu'avez-vous écrit ? » Les témoignages se succèdent et les gens se dévoilent.

« J'encourage tous les enthousiastes », se réjouit l'auteur des Fourmis. Bernard Werber confie qu'il a eu 111 vies antérieures: femme de harem, archer anglais, médecin sous l'empire russe... Ce retour d'expérience avec une médium (photo à l'appui), l'écrivain a décidé de la partager. Il nous immerge dans un récit et nous exhorte à un moment de pousser l'une des portes d'un couloir pour atterrir dans l'une de nos vies antérieures encore méconnues. Les pieds encore sur terre à la fin du spectacle, la conscience plus éveillée effectivement, Bernard Werber dans un spectacle bien ficelé, a été capable de désamorcer les esprits les plus sceptiques dans une série d'exercices méditatifs sympathiques.