La dématérialisation (1) n’épargne pas le monde du livre avec de nouveaux acteurs délocalisés (et pas seulement Amazon). Libraires et bibliothécaires partagent une même inscription locale. Ne peuvent-ils pas, plus qu’ils ne le font aujourd’hui, réfléchir à la convergence de leurs intérêts ?
Face à l’évolution du métier de bibliothécaire et au manque de temps chronique dans les bibliothèques, il semble que les acquisitions soient de plus en plus une charge pour les professionnels. Pourtant les bibliothécaires ont pour cousins des libraires qui sont au fait de l’actualité éditoriale. On pourrait donc imaginer une collaboration plus étroite au sein de cette famille élargie.
Au moment où les librairies ferment les unes après les autres et où les marchés institutionnels deviennent difficiles d’accès, la proposition de sélections de livres aux bibliothèques (et pas seulement en jeunesse) pourrait être un service susceptible de faire la différence avec des offres, qui ne prennent pas en compte cet aspect de la fourniture de documents.
Il exercerait ainsi ses compétences spécifiques que sont la connaissance de l’actualité éditoriale, le conseil et la sélection d’ouvrages. Il proposerait au bibliothécaire chargé des acquisitions ce service qu’il offre aux particuliers. Sa position au cœur de la chaîne du livre lui permet également de l’informer du soutien que les éditeurs vont accorder à certains titres et donc que les usagers demanderont en bibliothèque.
La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.
De leur côté, les bibliothécaires qui doivent de plus en plus se consacrer à l’accueil des publics ne peuvent pas passer du temps à étudier les statistiques de rotation de leurs collections en plus de se tenir au courant de l’actualité éditoriale. Ils auraient tout à gagner à disposer d’un partenaire local leur permettant de réagir face à des demandes du contexte immédiat (en lien avec des animations ou des événements de la collectivité par exemples) ou à des lacunes ponctuelles de leurs collections. Les grossistes ne peuvent pas leur fournir ce service et ce pourrait être un critère de choix des fournisseurs de livres.
En tant que représentants de la collectivité, les élus locaux gagneraient à introduire dans les marchés publics des clauses qui encouragent les relations locales entre libraires et bibliothécaires. Cela peut passer y compris par un découpage de lots particuliers pour s’adapter aux domaines de spécialités des libraires locaux. Du point de vue du bibliothécaire, il ne s’agirait pas de perdre une compétence mais de la partager et de gagner un partenaire…
Les conditions de la convergence de leurs intérêts semblent donc réunies. Il reste un problème « culturel ». Les bibliothécaires apprécient particulièrement des listes imprimées alors que les libraires préfèrent parler des livres et n’ont pas le temps de construire des sélections annotées. Cela demande que chacun fasse un pas vers l’autre. Le libraire peut le faire car il y a intérêt. Le bibliothécaire (et sa collectivité) peut aussi y trouver son compte si il y gagne en temps et en qualité d’acquisitions. Au fur et à mesure, une relation de confiance peut se construire et permettre de gagner encore plus de temps.
Pour encourager les uns et les autres à coopérer, il faudrait plus souvent mettre en valeur ces rencontres riches et particulières entre un(e) libraire et un(e) bibliothécaire. Cela pourrait faire l’objet d’articles dans
Livres Hebdo… Peut-être aussi que le CNL pourrait travailler à la mise en valeur voire à l’incitation à ces rencontres.