Bibliothèques : un prêté pour un vendu ?

Ammareal rachète les livres d'occasion aux bibliothèques et en compte 800 partenaires (20 % de bibliothèques universitaires et 10 % de bibliothèques associatives). Du côté de Recyclivre, 406 bibliothèques lui ont acheté des livres en 2022, parmi lesquelles 32 bibliothèques universitaires, 210 associatives et 164 territoriales, avec une moyenne de 2 livres par commande. En photo, le centre logistique Recyclivre de Villabé, dans l'Essonne. - Photo DR

Bibliothèques : un prêté pour un vendu ?

J’achète l’article 1.5 €

Par Fanny Guyomard
Créé le 17.10.2023 à 16h15

Cette bibliothécaire garde un mauvais souvenir de la braderie qu'elle avait organisée. Elle raconte qu'un lecteur, croyant avoir fait une « super affaire », fanfaronnait devant le maire : « J'ai acheté un livre à la bibliothèque pour un euro alors qu'il en vaut soixante ! » L'édile aurait ensuite reproché aux bibliothécaires de ne pas l'avoir vendu assez cher. « Je ne suis ni libraire ni bouquiniste et je n'ai aucune idée de la valeur des livres d'occasion ! », se défend la fonctionnaire. Certains lui conseilleront de passer désormais par une société de revente et de recyclage, pour avoir moins de responsabilités. Mais une braderie est une occasion pour les bibliothèques de rencontrer les habitants et de leur expliquer leur démarche...

Le marché du livre d'occasion est un terrain encore peu sillonné par les bibliothécaires. Que ce soit pour en vendre - il a fallu attendre la loi bibliothèques de 2019 pour éclaircir cette activité (voir encadré) - ou pour en acheter.

Sur les 73 établissements ayant répondu au questionnaire de Trevor Garcia pour son mémoire sur le livre d'occasion (Enssib, 2017), 33 ont déclaré acheter des livres de seconde main, soit un peu moins de la moitié. Les bibliothèques universitaires sont les plus adeptes de cette pratique, car à la recherche de livres pointus et épuisés. « Des livres conseillés par des enseignants-chercheurs auprès des masters mais qui ne sont plus édités, indique Céline Benoît, de la bibliothèque Mathématiques informatique recherche (MIR) de l'Université Paris Cité. Mon fournisseur de livres a pu me les trouver. L'inconvénient, c'est qu'il faut faire quasiment un bon de commande par livre au fur et à mesure qu'on trouve les ouvrages disponibles. Par contre, il y a une grosse plus-value pour les lecteurs. » Gain de temps par ailleurs : pas besoin de déclarer ces achats à la Sofia, l'organisme qui gère la perception du droit de prêt. 

L'autre argument : le coût. Dans la petite commune des Alluets-le-Roi (Yvelines), l'équipe de bénévoles de la médiathèque achète pour 20 à 25 % d'occasion. « Des nouveautés quasi neuves, chez Gibert Joseph. Cela revient à moins cher et j'aime le principe de seconde vie du livre, justifie l'une des bibliothécaires, Stéphanie Muneaux. Pour les lecteurs, cela ne fait pas de différence. Pour les auteurs, ils ont déjà eu leurs droits versés dessus lors du premier achat. En revanche, effectivement, ils y perdent pour le droit de prêt... » F.G.

17.10 2023

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