26 février > Essai France

Le monde est-il obscène ? L’actualité le laisserait penser. Encore faut-il préciser. L’étymologie latine nous renvoie à quelque chose de dégoûtant, d’indécent, de sinistre présage. On voit mieux où Odile Cuaz nous entraîne et ce qu’elle veut nous montrer : la frénésie de la transparence, le tout-à-l’ego, le jeunisme à tout prix, l’obsession du look, l’exaltation des corps, la fureur de la performance sexuelle, le diététiquement et le politiquement correct, etc.

En neuf chapitres, elle dresse la liste - non exhaustive - des travers de l’individu moderne qui se doit d’être une "PPP", entendez une passionnante petite personne, dans un univers connecté aux "rézosocios" où on "like" et sur les sites de rencontres où l’on ment.

En fine observatrice, la journaliste à Paris Match traque le "bobeauf" à la Cabu et se montre particulièrement affûtée dans les saynètes - rubrique "Story" - destinées à illustrer son propos. L’ensemble de ce guide ironique mais pas désabusé fournirait d’ailleurs une bonne base à un spectacle de stand-up. Mais que le lecteur ne se fasse pas d’illusion sur la vertu pédagogique de l’ouvrage. Ce Petit manuel de survie consiste d’abord à repérer les codes pour mieux s’en moquer, comme on se moque quelquefois de soi-même, ce qui est le commencement de l’humour. D’autres avant Odile Cuaz, dans des livres savants, ont fait cet examen critique d’un monde qui ne va pas toujours très bien, où l’on trie ses déchets plutôt que ses comportements. Mais la sociologie utilise rarement les ressorts du sarcasme pour parvenir à ses fins. Ici, c’est sans prétention mais juste. Juste pour rire. L. L.

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