29 octobre > BD Allemagne

Déjà auteur d’une adaptation graphique de Nouvelle de rêve d’Arthur Schnitzler (Le Nouvel Attila, 2014), Jakob Hinrichs signe avec Hans Fallada, vie et mort du buveur une œuvre très originale. Initialement, sur la suggestion de son éditeur en Allemagne, le dessinateur né en 1977 devait adapter Le buveur (Denoël, 2010, Folio, 2012), l’un des romans les plus personnels de Hans Fallada, l’auteur du célèbre Seul dans Berlin (nouvelle édition chez Denoël, 2014, Folio, 2015). Mais le projet lui pèse vite car il peine à appréhender le basculement subit du personnage principal du roman, Erwin Sommer, dans l’alcoolisme. Aussi plonge-t-il dans la vie de l’écrivain, lui-même alcoolique et morphinomane (Denoël édite le 29 octobre Du bonheur d’être morphinomane), visite les lieux où il a vécu. Un autre projet émerge, qui entremêle la vie de Hans Fallada, et les mésaventures de son personnage du Buveur.

Cette confusion narrative assumée se révèle fertile, et elle se double, chez Jakob Hinrichs, d’un syncrétisme graphique très efficace, entre expressionnisme à la George Grosz ou Otto Dix et ligne claire belgo-néerlandaise à la Ever Meulen et Joost Swarte. Erwin Sommer, négociant en produits agricoles, a accumulé les échecs. Hans Fallada a, sur fond de montée du nazisme, passé sa vie entre prison et institutions psychiatriques. Le livre de Jakob Hinrichs dévoile la décadence corrélative de l’individu et de la société. Fabrice Piault

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