Du "n'ayez pas peur" de Jean-Paul II au "ayez peur" de Ben Laden, le monde a eu de quoi flipper ! Et il reste inquiet sur son avenir. Aurait-on aujourd'hui plus peur de la vie que de la mort ? Marc Augé s'empare de la question dans un bref essai qui, comme on dit dans les colloques, "interroge le contemporain".
Après avoir arpenté un grand jardin parisien (La traversée du Luxembourg, 1985), s'être colleté à la société aux heures de pointe (Un ethnologue dans le métro, 1988), pour finir à vélo (Eloge de la bicyclette, 2010), l'anthropologue plonge dans la lecture des journaux où s'étalent les frousses les plus diverses.
Angoisse, anxiété, stress, la vie quotidienne est assez tristement riche en craintes diverses. Sur fond de crise économique, ces nouvelles peurs questionnent l'anthropologue. Marc Augé a présidé l'Ecole des hautes études en sciences sociales entre 1985 et 1995. Il a aussi beaucoup parcouru les villes. Il en a fait son laboratoire central et le lieu de ses inspirations d'écrivain. Mais le savant n'exclut pas le politique. A sa manière, il répond à l'appel à l'indignation de Stéphane Hessel en qui il voit une "forme sublimée de la peur".
Marc Augé préfère miser sur le besoin d'utopie qui se cache en chacun. Face à la pression économique, politique et sociale, il veut envisager un retour de la solidarité, le passage vers quelque chose qui dépasse l'ignorance et la crainte d'un futur déshumanisé.
En cela, ce petit livre aux formules ciselées ne se contente pas d'établir un bilan. Il regarde un peu plus loin. L'histoire ne se réduit pas qu'à des peurs. On ne voit pas pourquoi l'avenir devrait l'être.