Le titre fait penser à un énième avatar de littérature pour (de) poulettes. Et Lucie, l’héroïne du premier roman de Rachel Corenblit, a une énième Bridget J. qui aurait dix ans de plus. Dans Quarante tentatives pour trouver l’homme de sa vie, tout est dans le mot "tentatives" qui trempe la comédie romantique dans un bain astringent d’ironie et d’autodérision d’où elle ressort plutôt tragicomédie.
Lucie, institutrice à Toulouse, vit seule dans un deux pièces cuisine américaine, célibataire depuis trois ans. Elle quitté un prof de SVT après douze ans de vie commune. Accablée par son statut de quadragénaire-séparée-sans-enfant, c’est une fille à l’affût. Consciencieuse, elle qui travaille dans "un désert masculin" s’applique à saisir toutes les opportunités de rencontres : le mariage d’une cousine, les trajets en bus, la piscine qu’elle déteste, la visite au médecin remplaçant, le speed-dating, le rendez-vous arrangé avec le fils d’un ami de sa mère, la fête d’anciens copains, les pères d’élèves… Mais autant dire que son enthousiasme dans cette quête de l’homme (de la suite) de sa vie n’est pas tout frais. Et l’ouverture en forme de catalogue exposant les différents spécimens de mâles rencontrés donne le ton.
Dans le registre "comédie", Rachel Corenblit a le trait mordant. Pour ce qui est du drame, il se tient en embuscade derrière le second degré, dans ces "tentatives" drôles mais souvent décevantes voire pathétiques. Brinquebalantes. "C’est un mot qu’elle aime bien, brinquebalant. Brinquebalant comme sa vie qui brinquebale et le brinquebalement de ses jours qui s’enchevêtrent sans chaos, sans surprises, juste une brinquebalance monotone et terne." V. R.