Pendant un an et demi, ces journalistes de Causette ont rencontré des soldates victimes de harcèlement, agression ou viol, et se sont entretenues avec des officiers, d’anciens ministres, des médecins, des avocats et des chercheurs. Elles relatent dans leur livre une cinquantaine d’affaires de violences sexuelles.
Selon les deux auteures, il existe toujours en France un tabou sur ces violences, alors qu’à l’étranger, de nombreux rapports mettent en lumière leur étendue depuis quelques années. Pour elles, les responsables de l’armée française font tout pour éviter que ces affaires arrivent devant les tribunaux.
Déclarées “inaptes au service”
De nombreuses victimes sont mutées, finissent par être réformées pour “infirmités” ou déclarées “inaptes au service”. L’armée française, la plus féminisée d’Europe avec 15 % de femmes, mériterait ainsi à double-titre son surnom de “Grande muette”.
Causette, dont chaque numéro se vend en moyenne à 62 000 exemplaires (données 2013), fête cette année ses 5 ans. Le mensuel a été le premier magazine féminin à être reconnu en 2012 comme “publication d’information politique et générale” par le ministère de la Culture.
Le magazine est cependant depuis quelques mois sous le feu des projecteurs en raison d’une enquête de l’inspection du travail et d’autres procédures nées de plaintes de l’équipe. Les journalistes de Causette accusent son fondateur et directeur, Grégory Lassus-Debat, d’user d’un management autoritariste.