« Nous sommes passés en mode conquête », lance Arnaud Lagardère lors d’une interview donnée au Journal du dimanche (propriété du groupe Lagardère) en date du 5 septembre. Alors que son groupe a changé de statut juridique, devenant une société anonyme dont Vincent Bolloré et Bernard Arnault comptent parmi les premiers actionnaires, le P-DG de Lagardère a longuement détaillé ses projets, évoquant naturellement l’avenir d’Hachette Livre, sa branche édition. Voici, en 5 thèmes, les dires d’Arnaud Lagardère qu’il faut retenir.
Sur un rapprochement entre Hachette et Editis
« Il y a des actions que la loi nous interdit de faire pour cause de concurrence donc on ne les fait pas. Il n’y a pas de comité stratégique entre Hachette et Editis, pas d’entente. On ne se parle pas. Le sujet n’est pas tabou, il est illégal. Si les règles de concurrence évoluent, on verra, mais pour l’instant on n’y pense pas. Ce n’est aucunement dans le plan stratégique ».
Sur le départ d’Arnaud Nourry, ex-P-DG d’Hachette, puis sur Vincent Bolloré
« On a signé un accord qui stipule qu’on ne parle ni de l’un ni de l’autre. Je ne ferai donc pas. Simplement, le désaccord que j’ai eu avec certains vient du fait que je n’ai jamais vu la montée de Vivendi au sein du capital comme une menace ; c’est au contraire un atout. Et je vais même plus loin, si Vincent Bolloré n’avait pas été présent, le groupe ne serait peut-être pas là aujourd’hui dans sa totalité, Hachette Livre non plus d’ailleurs. Vincent Bolloré est critiqué sur des questions […] qui sont injustes et qui n’ont rien à voir avec nous. Je souhaite que cette relation perdure, car elle est très important pour notre groupe ».
Sur le rachat de Workman Publishing pour 240 millions de dollars
« Concernant Simon & Schuster (que le groupe Lagardère a échoué à racheter, ndlr), c’est dommage, mais nous n’avons aucun regret car nous étions assez loin du prix auquel Bertelsmann l’a acheté [2,2 milliards d’euros]. A partir de là, on investit sur ce qu est disponible et intéressant à prix raisonnable, c’était le cas de Workman Publishing ».
Sur l’avenir du marché de l’édition
« La concurrence du numérique, du streaming, des jeux-vidéo est certes forte, mais le poids du livre reste important, et je prends le pari qu’il va encore s’adapter, innover et devenir un grand moteur de croissance. Le livre, ce n’est pas que du papier, ce sont aussi des métiers adjacents avec le livre numérique, les audiobooks […], les fascicules […] ou les jeux de plateau ».
Sur les synergies dans le monde du livre
(A propos de la sortie prochaine de nouveautés de Guillaume Musso ou d’Astérix) « C’est un très bon exemple de la verticalité d’une œuvre : on était distributeur, on est devenu éditeur, et puis on fait des films et des produits dérivés. Le livre, c’est le livre et beaucoup d’autre choses ; c’est la porte d’entrée pour se développer dans d’autres domaines ».