Avant-critique Roman

Cécile Balavoine, "Au revers de la nuit" (Mercure de France) : Sasha le magnifique

Cécile Balavoine - Photo © Ludovic Maisant

Cécile Balavoine, "Au revers de la nuit" (Mercure de France) : Sasha le magnifique

Au revers de la nuit, troisième roman de Cécile Balavoine, est une ode au temps perdu, ainsi qu'un chant d'amour pour New York.

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Par Olivier Mony
Créé le 22.12.2022 à 09h00

Drôle d'endroit pour une rencontre. Un train, une nuit, la traversée d'un pays immense, les États-Unis, des vastes plaines aux grandes villes. C'est ainsi qu'un soir de 1996 aux alentours de Noël, Cécile, une étudiante française plus ou moins en rupture de bans familiaux et sentimentaux, fait la connaissance de Sasha. Elle lit Foucault, il trouve ça sans doute so typically french. Curieux jeune homme en vérité, tiré à quatre épingles à l'heure naissante du grunge, enfiévré par l'élégance fantasmée de l'Amérique de Fitzgerald, du cercle de l'Algonquin, de la prohibition, de ces années 1920 qui dansaient au-dessus du volcan. Et doux, attentionné, et curieux de tout et de Cécile. Après une chaste nuit ferroviaire, les deux se quittent en espérant se revoir. Ce sera chose faite quelques jours plus tard, pour le Nouvel An, dans la ville adorée de Sasha, New York, où bientôt Cécile vient s'établir pour poursuivre ses études. Les jeunes gens entament une liaison, comme débarrassée des aspérités de la passion. Plus tard, la vie les séparera doucement comme elle le fait de ceux qui ne sont pas sûrs de savoir ou vouloir s'aimer.

Vingt ans après, Cécile est de retour à New York, pour raisons professionnelles et surtout pour y retrouver l'homme qu'elle aime, un musicien dont elle est la maîtresse. Elle ne le sait pas encore, mais elle a en fait rendez-vous avec Sasha. Avec son souvenir, puisqu'elle ne tarde pas apprendre sa mort en même temps que combien il a vécu à l'image de ses rêves, devenu figure de la jet-set new-yorkaise et créateur à travers le monde de célèbres cafés, comme autant de speakeasies et de déclinaisons du chic. Alors, peut-être le temps sera-t-il retrouvé et ses secrets brilleront d'un éclat neuf...

Les romans de jolies choses perdues comme celui-ci exigent avant tout de trouver la note juste et de savoir la tenir. C'est assurément le cas de cet Au revers de la nuit, le troisième roman de Cécile Balavoine. Il est fragile comme le sont les existences bousculées par les années. Rien de mièvre toutefois dans cette évocation de destins dénoués.

Cela n'étonnera pas les lecteurs d'Une fille de passage qui déjà disait New York, son âpre énergie, mais vue à travers la figure impérieuse et périlleuse, le profil d'ogre, de celui qui fut l'hôte et le maître de Cécile Balavoine, Serge Doubrovsky. Là, Big Apple est une terre plus douce et les déchirures des personnages sont comme autant de sonates d'automne. Ceci dit, ne faisons pas le coup de la « petite musique », puisqu'aussi bien, celle-ci est grande. Mieux, juste.

Cécile Balavoine
Au revers de la nuit
Mercure de France
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 21 € ; 240 p.
ISBN: 9782715261327

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