Pour Mondadori, la nouvelle année a commencé sous le signe du changement. Le groupe italien, contrôlé à 51 % par Silvio Berlusconi, dont la fille Marina est l’actuelle présidente, vient en effet de séparer officiellement la branche livre de ses autres pôles (presse, radio, régie publicitaire, librairie). Opérationnelle depuis le 1er janvier, la nouvelle société Mondadori Libri réunit les différentes maisons d’édition du groupe milanais - Mondadori, Einaudi, Piemme, Sperling & Kupfer, Mondadori Electa, Mondadori Education, Harlequin Mondadori (50 %) - ainsi que les activités de distribution. Cette nouvelle structure, présidée par Ernesto Mauri, qui par ailleurs reste administrateur délégué du groupe, sera dirigée par Enrico Selva Coddè, qui remplace Riccardo Cavallero, à la tête de la branche livre depuis 2010. A noter, au poste de vice-président, le retour très remarqué de Gian Arturo Ferrari, le très influent éditeur qui avait déjà dirigé Mondadori jusqu’en 2009.
Les analystes se demandent quelles sont les raisons qui ont poussé Mondadori à rendre indépendantes les activités du livre qui, en 2013 - avec 334 millions d’euros de chiffre d’affaires et 42 millions d’euros de marge bénéficière -, représentaient 27 % du marché italien. Officiellement, la nouvelle société est censée mieux saisir "les opportunités de partnership et de concentration industrielle finalisées à des économies d’échelle". Si pour le moment personne ne semble croire à la possibilité d’une vente de Mondadori Libri à un investisseur étranger, plusieurs journaux ont en revanche envisagé un processus de concentration du marché du livre italien. Pour l’hebdomadaire économique Milano Finanza, Mondadori Libri s’intéresserait à la branche livre du groupe RCS, dans laquelle figurent, entre autres marques, Rizzoli, Bompiani, Adelphi, Fabbri et Sonzogno. Le groupe, propriétaire du Corriere della Sera, qui en 2012 a vendu Flammarion à Gallimard pour 251 millions d’euros, est encore très endetté (environs 500 millions d’euros) et ses comptes sont toujours dans le rouge. Il pourrait donc être tenté de vendre sa branche livre, qui représente 13 % du marché italien. Dans une telle hypothèse, la nouvelle entité Mondadori Libri-RCS Libri atteindrait 40 % du marché national, une taille d’envergure qui lui permettrait de mieux se positionner face aux grands groupes internationaux et de résister davantage à la politique agressive d’Amazon. Les prochains mois apporteront les premiers éléments de réponse. Fabio Gambaro