Le sixième roman de Stéphane Carlier (Amuse-bouche, Les perles noires de Jackie O., Grand amour, Les gens sont les gens, Actrice) commence comme une comédie à la dérision badine, mais distille une curieuse mélancolie. Sous ses airs sympathiques, Le chien de madame Halberstadt n'est donc pas tout à fait le simple feel-good book que son éditrice conseille de « pondre » à Baptiste Roy, le narrateur, un romancier quadragénaire passablement déprimé qui « écrit des livres que personne ne lit ». Son roman, Entrée dans l'hiver (un drame), pointe en 475 758e position dans les ventes d'Amazon, cinq semaines après sa parution, et l'unique « commentaire client » est celui de sa mère, qui sans prendre la peine de prendre un pseudo, ne lui a attribué que trois étoiles sur cinq. Notre homme consulte le site plusieurs fois par jour, une de ses petites activités névrotiques, comme celle qui consiste à espionner dans leur villa son ex et son nouveau compagnon dentiste. Vivant comme un adolescent dans un studio qui appartient à sa mère, il traverse une sorte de crise du milieu de vie assez sévère. Jusqu'à ce que sa voisine lui demande un « petit service » : garder pendant quelques jours son carlin de 12 ans, des « chiens très sensibles, facilement déprimés », selon sa propriétaire. L'arrivée de Croquette dans sa vie inverse la courbe de la lose. Miraculeusement, la chance tourne : il croise à Bricorama une splendide jeune femme qui lui propose de la rejoindre au parc canin, reçoit l'invitation d'une médiathèque, et son roman fait une remontée spectaculaire dans le classement des ventes en ligne. Mais combien de temps l'enchantement va-t-il durer ? Véronique Rossignol
Le chien de madame Halberstadt
Le Tripode
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 15 euros ; 176 p.
ISBN: 9782370551931