Après une année 2021 record (+12,5 %), et une année 2022 relativement neutre (+0,9 %), le marché de l'édition en France est à nouveau en hausse en 2023 (+1,1 %). Même si ce résultat est lié à la montée des prix alors que les volumes sont en légère baisse. Le bilan des 200 groupes et maisons répertoriés dans notre 28e classement annuel Livres Hebdo démontre une belle résilience de la profession face aux impératifs écologiques, à l'inflation ou à la crise du papier auxquels elle est confrontée depuis au moins deux ans. C'est notamment grâce à l'explosion du marché de la romance.
Beaucoup de changement, non pas dans les chiffres mais dans les têtes au sommet du classement, puisqu'en 2023 Vivendi s'est porté acquéreur d'Hachette, Arnaud Lagardère prenant la direction du groupe dont il était l'actionnaire de référence jusque-là. Parallèlement, le groupe de la famille Bolloré a dû céder Editis à CMI, la structure de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky, qui a choisi Denis Olivennes et Catherine Lucet pour diriger l'ensemble. Malgré ces grandes manœuvres capitalistiques, le haut du classement ne compte que très peu de changements, puisque les huit premiers groupes sont les mêmes que l'année dernière.
Au sommet, Hachette Livre, a vu son chiffre d'affaires grimper de 2,2 % en 2023, soit un peu moins que les deux années précédentes (respectivement 5,7 % et 9,4 %). Editis est toujours deuxième avec des chiffres en baisse de 4,8 % (après une chute de 8 % l'année précédente). Média-Participations, troisième du classement, subit une baisse de 2,7 % (après une hausse de 5,6 % en 2022). Madrigall, 4e, présente un chiffre d'affaires en baisse pour la seconde année consécutive (-1,5 %). Lefebvre Sarrut, 5e, progresse de 2,4 %, tout comme Huyghens de Participations (le groupe autour des éditions Albin Michel, qui est 6e) avec +8,4 %. Derrière, LexisNexis, 7e, fait +4,3 % alors que Glénat, 8e, connaît une belle hausse de son CA : 16,2 %.
Progression record pour Auzou
C'est seulement à la neuvième place que le classement évolue un peu. Delcourt gagne une place, malgré une baisse de 6,4 % de ses résultats. Passant devant Actes Sud (10e, -2,8 %). Citons également Auzou, qui bondit de la 22e à la 11e place avec une progression effarante de son chiffre d'affaires, qui a presque triplé, devenant ainsi le deuxième acteur tricolore sur le marché de la jeunesse, notamment grâce au développement de la BD, du jouet et des adaptations télé. À l'inverse, Panini passe de la 9e à la 13e place accusant une baisse de 45,4 %. Parmi les maisons, on notera les beaux scores de Stock (Hachette, +61,8 %), P.O.L (Madrigall, +55 %), en grande partie grâce aux succès de Cédric Sapin-Defour et Neige Sinno. Alors que, côté indépendants, José Corti, 96e, enregistre une progression de 50,6 %.
L'an passé, nous nous inquiétions, en commentant ce classement, de savoir si les résultats encourageants de l'industrie étaient « une accalmie avant une tempête annoncée ». Force est de constater qu'elle n'a pas eu lieu. Et si l'édition française se trouve à l'aube d'une nouvelle ère, les contours de celle-ci restent à inventer.
La mise en vente du groupe Humensis (PUF, Belin, L'Observatoire, Les Équateurs) et l'annonce du lancement du groupe Les Nouveaux Éditeurs par l'ancien P-DG d'Hachette Arnaud Nourry marquent-ils le début de ce grand chambardement ou la suite d'une recomposition en douceur d'un marché mature et pondéré : voilà la question que se posent les commentateurs alors que la rentrée littéraire bat son plein.
Retrouvez dans les documents liés nos tableaux présentant les 10 principaux groupes d'édition ; la répartition du chiffre d'affaires des éditeurs ; et le classement des 200 premiers éditeurs français.