Le dernier numéro des "Cahiers de l'Herne" célèbre la grande Colette (1873-1954). L'écrivaine éprise de liberté, qui se voulait "une femme parmi les autres", qu'on n'a pas fini de relire. Dirigé par Gérard Bonal et Frédéric Maget, le fort volume creuse la singularité et la modernité d'une oeuvre bâtie "à l'écart des grands mouvements littéraires et idéologiques de la première moitié du XXe siècle".
On y retrouvera toutes les facettes de Sidonie Gabrielle Colette, native de Saint-Sauveur-en-Puisaye. On pourra y lire des lettres de sa mère Sido et de son premier mari, Willy, épousé à 20 ans ; un beau portrait de sa fille Colette de Jouvenel signé Christine de Rivoyre ; une visite de Walter Benjamin rue de Beaujolais en 1927 ; quelques textes choisis de Colette elle-même ; des contributions de Julia Kristeva, Daniel Arsand qui s'attarde sur le protagoniste de La chatte, ou J. M. G. Le Clézio, dont le présent cahier reproduit un bel article paru dans Le Monde en 1973.
Cerise sur le gâteau, L'Herne propose conjointement dans sa petite collection "Carnets" une poignée de pages savoureuses données par Colette au magazine Marie Claire en 1939. Dans l'avant-propos, Guy Martin, le magicien étoilé du Grand Véfour où l'auteure du Pur et l'impur avait sa table, imagine le repas qu'il aurait aimé mitonner à "une gourmande de la vie" : une "orgie de saveur" digne du Bain turc d'Ingres ! L'académicienne, elle, sait qu'un "bon plat est l'affaire, avant tout, de modération et de classicisme", que l'on "naît gourmand". On découvre ici qu'elle aimait l'huile pure et fruitée, goûtait peu au champignon de Paris qui "mouille les jus sans profit réel". Sans oublier sa recette d'un "petit-déjeuner propre à chasser le frisson des matins d'hiver". Un pur délice à consommer sans modération.