4 avril > Nouvelles états-Unis

Après Promenades avec les hommes, court roman paru en octobre dernier, qui donnait déjà un aperçu du talent tranchant d’Ann Beattie, Bourgois propose un nouveau titre pour découvrir cette écrivaine née en 1947, reconnue comme une nouvelliste virtuose aux Etats-Unis, mais très peu traduite en français. L’occasion de découvrir seize short stories, parmi les dizaines publiées dans le New Yorker entre 1974 et 2004, qui plongent au cœur de la société américaine et parcourent trois décennies de relations sentimentales et familiales.

Impossible de résumer ces histoires qui n’ont pas de fin, au sens de chute, situées pour la plupart sur la côte Est (décor qui fait immanquablement penser à John Cheever) : des hommes et des femmes évoluent en couple dans des vies ritualisées, changent de partenaires, se réunissent pour des fêtes. Des vieux amis se rendent visite lors de week-ends à la campagne. Il y a aussi des frères et sœurs, des parents et des enfants, quelques voisins et voisines qui complètent le tableau. Rien ne se déroule tout à fait bien, mais rien ne se passe tout à fait mal non plus. Et dans tous les cas, on ne vous fournit pas d’explications. Personne n’a trop de temps pour s’épancher. Comme le dit, dans « Au suivant » (2001), une mère, veuve depuis quelques mois, qui annonce à sa fille qu’elle va aller habiter avec un voisin : «A mon âge, on n’a pas nécessairement envie de connaître très bien quelqu’un. On cherche à être compatible. » On croise aussi, « personnages » très importants, des chiens et des voitures : une vieille Volvo, « une Thunderbird d’époque », une Pontiac 68, une Mustang décapotable…

Avec une ironie sèche qui s’attendrit dans les nouvelles les plus récentes, Ann Beattie déroule ses histoires comme ses héros prennent le volant, qui changent de véhicule ou d’itinéraire et continuent de tracer leur route dans l’ignorance de leur destination. « David recule prudemment - comme s’il tirait sur une fermeture éclair coincée dans le tissu.Nous les saluons de la main, ils disparaissent. C’était facile. » Ces ultimes phrases de « Sur une colline du Vermont » (1975) illustrent bien la Beattie’s touch. En voiture !

Véronique Rossignol


Les dernières
actualités