Le nouveau roman noir de Thomas H. Cook a pour protagoniste central Julian Wells, un homme qui a voyagé, connaît l’autre nom du scirpe et aussi la souffrance. Un jour, il monte sur une barque, rame quelques mètres et se tranche les veines avec un couteau à lame crantée.
Le suicidé était un artiste animé d’une obsession. C’était un écrivain qui avait passé ses dernières années à marcher sur les traces du tueur en série Andreï Tchikatilo. Avant cela, il s’était tour à tour penché sur Landru, Gilles de Rais ou les atrocités perpétuées à Oradour-sur-Glane en 1944. C’est peu dire que Wells était porté sur la famine, les massacres et les injustices, qu’il aimait se mesurer aux ténèbres. Lui qui prétendait que "la vie est un jeu d’ombres" apportait "l’enfer partout où il allait", prisonnier d’une spirale qui l’attirait vers le bas.
Julian Wells n’avait ni épouse ni enfants. Il laisse inconsolable une sœur, Loretta, correctrice de textes en free-lance, qui sait que sa bonté lui manquera. Et aussi un vieil ami, le narrateur, Philip Anders, critique littéraire casanier que Julian a jadis sauvé de la noyade. Tous deux ont pas mal voyagé ensemble, notamment en Argentine où ils avaient fait la connaissance de Marisol, guide pour le consulat, une femme qui allait disparaître pendant leur séjour…
Philip se décide à essayer d’élucider le mystère. A chercher un éclairage en relisant les livres du défunt, en partant sur ses traces à Paris, à Londres ou encore en Hongrie. On retrouve tout le souffle de Thomas H. Cook dans Le crime de Julian Wells. L’auteur de L’étrange destin de Katherine Carr (Seuil, 2013) y cultive comme jamais le trouble, semant le doute dans l’esprit du lecteur qui va de surprise en surprise. Al. F.