12 SEPTEMBRE - ROMAN Etats-Unis

John Perry- Photo JIM PERRY

L'Américain John Perry est un éminent intellectuel qui a longtemps enseigné la philosophie à l'université de Stanford (Californie), et écrit de nombreux ouvrages savants. A priori, un gars efficace et fiable, pas un tire-au-flanc improductif. C'est pourtant, se définit-il, un "procrastinateur structuré », c'est-à-dire quelqu'un qui trouve chaque jour et dans tous les domaines mille prétextes et stratagèmes pour ne pas faire ce qu'il a de plus urgent à faire... Fruit d'une longue expérience, il offre cet essai personnel et grand public sur l'art de remettre au lendemain, qui inaugure, avec La beauté de Frédéric Schiffter, la nouvelle collection "Les grands mots" dirigée par Alexandre Lacroix chez Autrement.

La procrastination est une diversion, et le procrastinateur un expert dans la dispersion qui permet de différer l'accomplissement de corvées prioritaires - en l'occurrence, pour Perry, perdre des heures à "googeliser" le nom d'une actrice plutôt qu'achever un article pour une revue que l'on aurait dû rendre l'avant-veille...

Le philosophe ne propose pas un manuel pour se guérir de la procrastination qui, comme il le montre, a à voir avec le perfectionnisme et la mauvaise foi. Il s'agit plutôt d'un "programme pratique" pour apprendre à tirer bénéfice de cette "faiblesse de caractère". En établissant par exemple des "to-do lists" très détaillées qui mélangent des tâches aux niveaux de priorité variés. En sachant utiliser la musique pour lutter contre le blues, caractéristique du procrastinateur...

Après lecture de ce bref essai de pensée appliquée, où le sérieux est enveloppé dans une tonique autodérision, on se sent moins seul. Et, surtout, moins coupable.

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