Chacun connaît Jean-Louis, désormais auteur prolixe, ami intime jusqu'à la fin du président Chirac, après avoir été ministre de l'Intérieur et président du Conseil constitutionnel. On connaît aussi le frère, Bernard, chirurgien et lui aussi ancien ministre. Qui ne se souvient de Michel, fondateur de notre constitution et premier Premier ministre du Général De Gaulle ? Il y a aussi bien sûr, Olivier, l'oncle, grand peintre. Et pour les plus instruits, le grand-père Robert, ami intime de tant de grands esprits de son époque et fondateur de la pédiatrie. Bref, la famille Debré, c'est toute une histoire qui se confond nécessairement un peu avec celle de notre pays durant le siècle écoulé.

C'est à cette Histoire de famille, un livre dont on se doutait bien qu'il devrait un jour l'écrire, que s'attaque cette fois-ci Jean-Louis Debré. On dira « s'attaquer » parce qu'il le fait d'abord en des pages superbes de dignité et de vérité historique sur le « flanc » des ascendances juives de sa famille, issue de la bourgeoisie israélite alsacienne. On n'oubliera pas ainsi la trace éminente qu'y laisse son arrière-grand-père, Simon, rabbin de Neuilly durant plusieurs dizaines d'années. Si le livre est aussi l'histoire d'une émancipation de cette « tutelle » (qui n'en fut au fond jamais vraiment une), il est surtout celui d'une fidélité commune à ceux qui croient au ciel et ceux qui n'y croient pas. Fidélité absolue, jamais trahie, aux valeurs fondatrices, universelles et humanistes de la République française. Voilà qui au-delà des choix partisans des uns et des autres et même du jugement de l'Histoire, sonne en ces temps comme un salutaire et bienvenu rappel.