Correspondant de guerre et auteur prolifique aux États-Unis, le journaliste Ted Morgan est décédé mi-décembre à 91 ans, selon le New-York Times.
Né en France sous le nom de Sanche de Gramont, il s’était exilé aux États-Unis après son service militaire effectué en Algérie, en 1956.
Il a raconté cette expérience traumatisante dans l’un de ses derniers ouvrages parus en 2016 aux éditions Tallandier, Ma bataille d'Alger : confessions d'un Américain au cœur d'un drame français (réédition 2022).
25 ouvrages en 50 ans
C’est l’un des seuls titres de l’auteur à avoir été traduit dans sa langue natale, avec notamment La Guerre secrète (Robert Laffont - 1976) ou encore The French (Stock - 1970). Ce dernier titre avait été mal accueilli par la critique française qui avait pointé une « vision superficielle de la France » (Le Monde, 1970) que l’auteur avait quitté non sans rancœur.
Dans son autobiographie, On Becoming American (Houghton Mifflin – 1978), Ted Morgan a écrit « sur sa conversion au Nouveau Monde et a affiché ses propres faiblesses et préjugés », remarque le New-York Times.
C’est en étant rédacteur de nuit à l’Herald Tribune qu’il se fait remarquer en obtenant le prix Pulitzer 1961 du reportage local. Sanche de Gramont a été récompensé pour sa couverture de la mort sur scène du célèbre barryton Leonard Warren.
Dès lors, « cet article propulse la carrière du jeune reporter, qui devient correspondant étranger dépêché en France, au Congo et au Vietnam avant de se lancer dans une prolifique carrière d'auteur », écrit le Washington Post. Au final, il a écrit 25 livres en 50 ans, dont des biographies de Churchill ou Franklin D. Roosevelt.
Doté d’une « intense » curiosité selon le journal de la capitale fédérale, il n’hésitait pas « à raconter des sujets déjà abordés par des auteurs plus érudits », selon le NYT. Il avait notamment couvert en France le procès de l’ancien chef nazi Klaus Barbie. Ted Morgan, le nom qu’il avait choisi avant de prendre la citoyenneté américaine, était l’anagramme de « de Gramont ».