Ceci n'est pas un fait divers. Une femme est retrouvée morte en contrebas d'un belvédère. Selon le premier rapport d'enquête, elle aurait chuté, victime parmi d'autres des falaises vertigineuses bordant ce paisible village côtier. Mais Célia, son amie d'enfance, ne croit pas à la thèse d'un accident et ne peut accepter l'idée que Rosalie « ait sauté et rejoint un autre fait divers aussi banal que tragique ». Rosalie aurait-elle mis fin à ses jours ? L'appel qu'elle avait passé à Célia après quinze ans de silence n'était-il pas un appel au secours qu'elle n'avait pas su décrypter ? Les soupçons de Célia se portent bientôt sur Damien, le mari de Rosalie, « quelqu'un de violent » dont les « chaudes larmes » versées pendant l'enterrement donnent envie à Célia « de le précipiter dans le caveau ». Mais l'hypothèse du mari ayant poussé sa femme au suicide n'est-elle pas trop évidente ? Et que penser de Solange, la voisine de Rosalie, personnalité « bavarde, curieuse, enthousiaste et intrusive », contre laquelle Rosalie « semblait très remontée » et qui met le grappin sur Célia à l'enterrement ?

Après quatre ans d'absence, un homme frappe à la porte de ses parents. Ceux-ci acceptent de l'héberger, à condition qu'il passe l'essentiel de son temps enfermé dans une chambre, ne parle à personne dans le village et se tienne à distance des patients de son père psychiatre. « Ton père ne veut pas que tu sortes », lui dit sa mère. « En quel honneur ? » lui répond Barnabé. « Il flippe que quelqu'un me reconnaisse ? Qu'un gamin s'écrie hé c'est le tueur en série qui est revenu ? » Des années plus tôt, une jeune femme avait été retrouvée morte noyée. Une femme que Barnabé avait aimée.

Si les premières pages d'Amour fou laissent penser à un thriller classique, avec pour ingrédients une victime, un cold case et des coupables potentiels, l'intrigue se révèle bientôt nébuleuse, animée par une galerie de personnages plus ambigus les uns que les autres, dont le lecteur pénètre la psyché au fil de leurs pensées rendues à la première personne. Jouant avec les codes du roman noir, le récit distille, au gré de dialogues corrosifs et de mystérieux sous-entendus, les indices permettant au lecteur de tisser son fil d'Ariane et de retrouver son chemin dans ce macabre labyrinthe.