Pourquoi étiez-vous candidat à la reprise de France Loisirs ?
En tant que spécialiste de la vente à distance, nous avons trouvé des synergies évidentes avec l’activité de France Loisirs. Nous vendons déjà par correspondance des monnaies, des médailles, des timbres, mais aussi des produits alimentaires, du vin, nous avons repris le catalogue de L’Homme moderne et nous avons même une petite activité d’édition à travers Liriade, une société que j’ai rachetée à Larousse en 1999 et qui publie des beaux-livres et des livres d’histoire. Selon les secteurs d’activité, Internet pèse entre 10 et 20 % du chiffre d’affaires de chacune de nos marques, une part encore très majoritaire de notre clientèle achète sur catalogue. Nous pensons que cette clientèle, qui est habituée à acheter par correspondance, a de l’appétence pour le livre.
Comment s’est passé le rachat ?
Tout est allé très vite. Je connaissais France Loisirs de nom, nous nous sommes lancés début novembre et avons monté le dossier en trois semaines. Il est vite apparu que nous ne pouvions pas reprendre l’intégralité des boutiques. La marque est belle, elle dispose d’un important portefeuille de clients à qui elle envoie un catalogue tous les deux mois, mais il ne peut pas y avoir de rentabilité avec un magasin tous les 50 km. Avec le temps, France Loisirs a sans doute perdu une part de son savoir-faire dans la vente à distance et s’est éparpillé dans trop de directions. Nous sommes là pour redimensionner l’entreprise à ses justes proportions et offrir un service encore plus performant à ses clients et membres. Nous pensons que les clients sont fidèles et pardonnent leurs petits écarts aux marques qu’ils aiment, notre rôle est maintenant de ne pas les détromper.
Quelle est votre stratégie pour relancer France Loisirs ?
Nous allons nous concentrer sur la vente par correspondance et nous regardons comment assurer toutes les activités annexes (centre d’appels clients, services d’impression…) avec le concours de partenaires. France Loisirs avait par exemple investi des sommes importantes dans l’impression à la demande, sans parvenir à rentabiliser des machines qui restaient globalement sous-utilisées. En parallèle, nous allons repenser la manière de présenter notre offre et nous réfléchissons à la création de nouveaux services complémentaires qui pourraient être développés avec le concours d’autres éditeurs.
Vous conservez 138 postes sur les 737 que comptait l’entreprise…
Nous avons voulu limiter la casse sociale autant que possible, en particulier en reprenant les sites de Noyelles-sous-Lens qui concentraient une part importante des collaborateurs de France Loisirs. Dans le Pas-de-Calais, 95 personnes restent ainsi salariées. J’ajoute que, dans le cadre de la procédure de reprise, nous n’avons pas pu conserver tous les salariés que nous aurions souhaité ; à l’inverse nous avons dû garder certaines personnes qui étaient à trois mois de la retraite. Nous discutons actuellement avec d’anciens salariés dont le savoir-faire est précieux pour France Loisirs afin de les faire revenir. Nous allons aussi recruter une personne qui prendra la tête de France Loisirs d’ici le mois de mars. Avec Isabelle Di Maggio (directrice générale de Financière Trésor du Patrimoine, ndlr), je suis actuellement dans une phase d’analyse et de préparation de la stratégie à donner, mais nous ne pourrons pas gérer France Loisirs à nous seuls. Le rôle de coordination de la personne qui sera recrutée sera déterminant.
Derek Rémy Smith : "France Loisirs s'est éparpillé dans trop de directions"
Président de Financière Trésor du Patrimoine et repreneur en décembre 2021 pour 2,8 millions d’euros de France Loisirs, Derek Rémy Smith explique sa stratégie de relance du spécialiste de la vente de livres par correspondance.