Dans Toute la famille sur la jetée du Paradis (Joëlle Losfeld, 2008), Dermot Bolger ravivait les couleurs d'un portrait début de siècle, celui de la famille Goold Verschoyle, inspiré par l'une de ses amies. Dans Une arche de lumière, on retrouve cette amie devenue la nôtre sous les traits d'Eva qui, à l'aube de la cinquantaine, se remémore une promesse non tenue : « Quoi que la vie te réserve, promets-moi de te battre bec et ongles pour le droit au bonheur », lui avait demandé sa mère le jour de son mariage.
Mais qu'est-ce que le droit au bonheur dans une Irlande qui ne peut concevoir une femme séparée de son époux ? Eva fait pourtant le choix, audacieux pour l'époque, de l'indépendance. À la faveur d'un héritage, elle s'installe seule à Dublin et survit en animant un atelier de dessin pour enfants, tout en veillant sur sa fille Hazel, dont elle craint qu'elle ne reproduise les mêmes erreurs, et sur son fils Francis, dont l'homosexualité se heurte aux préjugés.
De la maison en brique rouge de Frankfort avenue aux paysages du Kenya colonial, des ruelles marocaines à l'Arche de lumière, « petite caravane bercée par les vagues du vent », Eva se réapproprie une existence jusqu'alors tournée vers les autres. Dans le sillage de Joseph O'Connor et Colm Tóibín, Dermot Bolger livre le portrait sensible et romanesque en diable d'une femme qui refuse de passer à côté de son existence. À travers elle, c'est une histoire de l'Irlande qui s'écrit en miroir.
Dermot Bolger
Une arche de lumière Traduit de l’anglais (Irlande) par Marie-Hélène Dumas
Joëlle Losfeld
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 23 € ; 464 p.
ISBN: 9782072889035