Les rééditions anglaises des ouvrages de Roald Dahl parues chez Puffin Books en 2022 ont fait l'objet d'une réécriture. Les références lexicales au physique, à la santé mentale, à la violence, aux questions de race ou de genre ont été supprimées et modifiées. Sur Twitter, de nombreuses personnalités ont contesté ce choix.
Le Daily Telegraph a relevé une centaine de modifications et de suppressions entre les rééditions de Roald Dahl en 2022 et celles parues en 2001. Par exemple, le terme « gros » n'est plus employé pour décrire Augustis Gloop de Charlie et la Chocolaterie. Les « hommes-nuages » de James et la grosse pêche deviennent le « peuple nuage »... Matilda, Fantastique Maître Renard, Sacrées sorcières, Potion magique de Georges Bouillon, Les Deux Gredins, Le Bon gros géant, L'Énorme crocodile, Un amour de tortue, tous ces titres ont fait aussi l'objet d'une révision selon le média britannique.
Salman Rushdie : «Puffin Books devrait avoir honte ».
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak, a estimé que les mots doivent être « préservés » plutôt que « retouchés », a indiqué lundi son porte-parole. Le Pen America, par la voix de sa directrice générale, Suzanne Nossel, a critiqué la décision sur son compte Twitter : « Nous sommes alarmés par la nouvelle de "centaines de modifications" apportées aux œuvres vénérées de @roald_dahl dans un prétendu effort pour nettoyer les livres de ce qui pourrait offenser ». L'écrivan Salman Rushdie a de son côté vivement réagi sur Twitter : « Roald Dahl n'était pas un ange mais c'est de la censure absurde ». Ajoutant que la maison d'édition « Puffin Books et les ayants droit de l'écrivain devraient avoir honte ».
Pour la réécriture des textes, la « Roald Dahl Company », société des ayants droit de l'écrivain, a expliqué avoir travaillé avec Inclusive Minds, un collectif œuvrant pour l'inclusion et l'accessibilité de la littérature pour enfants. « Lors de nouveaux tirages de livres écrits il y a des années, il n'est pas inhabituel de passer en revue le langage utilisé et de mettre à jour d'autres éléments comme la couverture et la mise en page », a avancé le porte-parole de la société, soulignant la volonté de conserver les histoires, les personnages, et « l'irrévérence et l'esprit affûté du texte original ».
Les déboires de l'écrivain
Fin 2020, la famille de Roald Dahl avait présenté des excuses pour les propos antisémites tenus par l'auteur il y a 40 ans. L'écrivain avait notamment fait des déclarations ouvertement antisémites dans une interview au magazine britannique New Statesman en 1983, semblant trouver des justifications aux crimes d'Hitler.
La première édition de Charlie et la chocolaterie (1964) avait déjà fait l'objet d'une réécriture mais par son auteur lui-même qui avait métamorphosé ses Oompa-loompas qui ressemblaient alors jusque-là à des pygmées « venant d'une tribu d'Afrique ».