Roman/France 22 août Violaine Huisman

Elle est partie. Quand tu aimes, c'est ce qu'il faut faire, prétend le poète. L'idée, c'est l'Afrique. Cette « Afrique fantôme » qui va du Maroc au Sénégal. L'idée, c'est le désert. Puisqu'il est de toute façon déjà là, le désert du cœur, le désert du désir, puisque cette femme est laissée. Puisqu'un homme n'est plus là, sans pouvoir jamais le ranger au territoire des absents.

La narratrice de Rose désert, le deuxième roman de Violaine Huisman après l'unanimement loué Fugitive parce que reine, (Gallimard, 2018, prix Françoise-Sagan), n'y est donc plus pour personne. A part pour quelques rencontres de hasard, expatriés plus ou moins bienveillants (parfois plus qu'ils n'en ont l'air), perdus dans un bout du monde qui se meurt sans eux. Et puis, bien sûr, comme autant de spasmes merveilleux et douloureux, il y a Lui, le souvenir qui ne parvient pas à l'être vraiment, de leurs rencontres, de leurs étreintes, de leur impériosité absolue. Ces choses-là ne s'oublient pas, même loin ; ces choses-là n'ont à voir qu'avec la présence permanente du chagrin. 

L'écriture de Violaine Huisman, sans rien perdre de la grâce cristalline (et ébréchée) de son premier roman, se fait ici merveilleusement incarnée. Elle sait, après Bataille ou Blanchot, que l'érotisme est une affaire de mort et de désert. 

Violaine Huisman
Rose désert
Gallimard
Tirage: 18 000 ex.
Prix: 19 euros ; 240 p.
ISBN: 9782072853753

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