Pierre Claes est un géographe belge, envoyé en 1890 au Congo, belge également, par le roi Léopold II, afin de découper une frontière dans l'immense pays, face au Congo français. Le jeune homme, qui a connu une enfance malheureuse, se lance dans une première expédition, en compagnie de Xi Xiao, un Chinois, bourreau, tatoueur, spécialiste du dépeçage d'êtres vivants, et devin. Celui-ci tombe amoureux de son patron. Parallèlement, le médecin Pierre Vanderdorpe, un médecin torturé par sa mauvaise conscience d'avoir abandonné son fils et la femme qu'il aimait pour une autre, se retrouve lui aussi au Congo. Où il apprend que Pierre, qui n'est autre que ce fils, navigue. Ils se loupent, avant de se réunir, en mai 1892, pour une autre expédition, dont tous deux, gravement atteints de malaria, savent que ce sera la dernière. Entre-temps, il s'est passé d'innombrables péripéties, Pierre a été « découpé » avec amour par Xiao - lequel a aussi exécuté des soldats, décrits comme d'immondes tortionnaires coloniaux racistes - mais s'en est remis ; et le bourreau est recherché par les autorités, afin d'être châtié. C'est Pierre et son père qui sont chargés de partir à sa recherche. Tout ce petit monde se retrouvera dans une communauté qui porte bien mal son nom, Harmonie, pour une apocalypse finale.

Dans ce premier roman, Paul Kawczak revisite et dynamite le récit de voyage à la façon du XIX^e siècle, pour en faire un livre baroque, oppressant, violemment érotique, d'une beauté barbare, servi par un style superbe.