On doit se dire parfois que le suicide est la forme la plus persistante de l’actualité. Bien sûr, Patrick Dewaere était un immense acteur, et j’ai seulement le regret de ne pas l’avoir vu dans une grande comédie. Puisqu’il se partageait les rôles avec Depardieu dans les années 70, je ferme les yeux et je l’imagine dans « La chèvre ». Est-ce que cela l’aurait sauvé ? Il déclarait qu’il ne serait jamais vieux. Ses proches ont toujours dit que le mal de vivre était sa vie. J’ai vu la nouvelle émission sur France 2, « un jour, une heure » animée par Laurent Delahousse et consacrée au suicide de Dewaere. L’émission est à peu de choses près la même que « Faites entrez l’accusé » ( le blouson en cuir d’Hondelatte en moins (c’est incroyable cette émission, j’ai vu celle sur Rezala ; franchement est-ce qu’il avait besoin de marcher sous la pluie au bord d’une voie ferrée pour commenter ce fait-divers ? ils vont la baptiser « faites entrez la pneumo nie » si ça continue)). Et donc cette émission sur Dewaere était vraiment à charge contre Elsa, sa dernière compagne. Il est clairement dit qu’il s’est suicidé après l’avoir eue au téléphone. Et le frère de Dewaere avoue regretter de lui avoir présenté cette femme. Faîtes entrez l’accusée. Ils auraient aussi pu appeler sa mère. Etouffé par l’impératrice du clan Maurin, Dewaere était un Michael Jackson. Christophe Paviot dans son dernier roman chez Hachettes Littératures, « Devenir mort », cite en exergue cette incroyable phrase de Dewaere : « la famille, c’est le début du racisme ». Paviot fait partie des auteurs du recueil « Bordel » qui est consacré à l’acteur. Stéphane Million, le grand orchestrateur de cette belle revue, a le sens des hommages rouges. Il a organisé une soirée au Baron. Moi qui sors peu, surtout depuis que j’ai entendu Olivia de Lamberterie (la responsable de la pages livres du magazine Elle) dire qu’Eric Holder était un vrai écrivain parce qu’il n’allait pas dans les cocktails, je m’ennuie fermement chez moi en me regardant dans la glace pour guetter l’apparition du grand écrivain sur mon visage. Cette fois-ci, j’ai bien fait d’y aller. On y trouvait des auteurs du recueil, et notamment Thomas Bouvatier qui se promenait avec deux verres à la main (vous comprenez le rébus ?). Jérôme Attal s’est assis pour chanter, on se serait cru avec un ami dans une maison de campagne. Et Mareva Galanter est venue chanter avec lui ; là je me serais cru dans aucun moment qui ne me rappelle ma vie réelle. Beigbedeir était là mais sans Laura Smet (je trouvais qu’ils avaient de beaux cheveux tous les deux, c’était la plus belle union capillaire qu’il m’ait été donné de voir (je m’étais retrouvé un jour derrière eux au théâtre)), et j’étais un peu ridicule de ne pas être au courant des derniers mouvements ; j’ai toujours un gin-fizz de retard sur le foie des autres. * * * J’ai demandé à trois auteurs de la revue de répondre à la question des trois vœux : Jérôme Attal : 1/ Je voudrais que les femmes ne comprennent pas à titre posthume ce que j’avais à leur dire. 2/ Je souhaiterais que Milan Kundera avoue que le véritable titre était « l’insoutenable légèreté de l’être féminin » mais qu’il a coupé le dernier mot parce que ce sont surtout les femmes qui lisent (et qui ont le dernier mot). 3/ Je voudrais qu’Ada, le personnage de Vladimir Nabokov, mette ses deux bras enfin autour de moi et vienne me sauver du manque de saveur des choses. Louis Lanher : 1/ Que Serge Joncour arrête d’emballer des filles dans les mêmes soirées que moi. 2/ Qu’une ex de Serge Joncour ait son premier orgasme avec moi. 3/ Que Serge Joncour fasse un peu plus tourner. Bénédicte Martin : 1/ Plus de romantisme (dans le nouveau roman, au téléphone, dans les transports en commun). 2/ Plus de poésie (dans les bibliothèques, dans les soirées, chez mon mec). 3/ Plus de compassion (chez l’éditeur, chez le lecteur, chez le banquier). A la semaine prochaine, mes chers ami(e)s qui ont du temps libre…