Laurent Beccaria, P-DG des Arènes, XXI et 6Mois, et Sophie de Sivry, P-DG de L’Iconoclaste, créent leur propre structure de diffusion, Rue Jacob Diffusion, qui démarrera le 1er juillet avec cinq représentants. Hachette, qui prend 10 % du capital, en assurera la distribution. L’ensemble a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de 16,4 millions d’euros et quittera donc à la fin du 1er semestre le CDE et la Sodis.
Pourquoi avez-vous décidé de créer votre propre société de diffusion ?
Laurent Beccaria. Cette décision a été longue à prendre, car les équipes du CDE qui nous ont diffusés depuis le début font un travail remarquable : en quinze ans, jamais je n’ai entendu de la part des libraires une critique sur le CDE. Mais c’est le fonctionnement de ces structures de multidiffusion qui ne nous convient plus. La relation aux libraires est devenue centrale et je suis contre ce que j’appelle la diffusion Excel, celle qui est faite à partir des indicateurs Ipsos ou GFK, c’est-à-dire fondée uniquement sur le chiffre d’affaires du libraire. Il faut plus que jamais pouvoir faire du sur-mesure, travailler au cas par cas.
Sophie de Sivry. Avoir notre propre force de vente permet aussi l’implication de toute la maison. Et c’est important que les auteurs sentent cette mobilisation de tous les services.
Ne craignez-vous pas d’être conduits à augmenter la production ?
L. B. Ce n’est pas l’objectif. Nous voulons conserver une production mesurée, d’une cinquantaine de titres par an environ. Nous espérons publier mieux, en allant plus en profondeur et en installant les livres dans le temps, pour augmenter ainsi notre chiffre d’affaires.
Vous aviez prôné, lors des Rencontres de la librairie, une remise à 40 % pour tous les libraires. Allez-vous passer à l’acte ?
L. B. Nous allons définir nos propres conditions de vente. Ce ne sera pas celles d’Hachette. On va les inventer au fur et à mesure, avec Elise Lacaze, la directrice de la diffusion, et avec notre directeur commercial, Pierre Bottura. Il faut créer un état d’esprit différent et faire remonter des propositions. Ce qui est sûr, c’est qu’aucun libraire n’y perdra.
Quels développements envisagez-vous aujourd’hui ?
S. de S. Je vais développer une ligne de littérature et une politique d’auteurs, avec déjà un texte d’Atiq Rahimi, un autre d’Alexandre Jollien. Pas forcément de la fiction, mais des récits très écrits, une littérature de l’intime que je sens bien.
L. B. On a beaucoup développé l’histoire, la psychologie et le livre illustré. Je reviens aussi aux documents avec de nouveaux éditeurs comme Laurence Lacour, Florent Massot. Mais surtout, cette année, nous allons lancer une ligne de documentaires et de reportages graphiques. Nous venons d’engager pour cela Laurent Muller (voir p. 53), le cofondateur de 12 Bis, rachetée par Glénat.
Christine Ferrand
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