Une jeune éditrice qui veut renverser la vapeur : c’est le profil de Julie Pommier, jeune havraise de 23 ans qui a lancé, grâce à une campagne de financement participatif, sa maison d’édition dédiée à la BD et aux romans graphiques : Édifice. En plus de la contribution financière des internautes, l’éditrice en herbe a également sollicité - via sa page Instagram - leur avis sur le contenu esthétique du premier album de la maison, Seules les algues savent. Signé Marianne Le Berre et Léo Badiali, ce roman graphique paraîtra le 3 juin prochain, au terme de la campagne participative.
Étudiante et entrepreneuse
« J’ai eu très vite l’idée, un peu brouillonne, de monter ma propre structure », raconte Julie Pommier. Idée qu’elle met rapidement à exécution, démarrant dès décembre 2020 ses premières démarches en tant qu’entrepreneuse en parallèle de son master édition et communication. « Une fois le statut national d’étudiant entrepreneur en poche, j’ai toqué à toutes les portes. J’ai fait beaucoup de prospection sur les réseaux sociaux, j’essayais d’aller à la rencontre des gens », détaille-t-elle. Résultat : en octobre dernier, Édifice voit le jour.
Pendant le développement du projet, l’éditrice imagine une maison d'édition à taille humaine, avec un modèle économique autre que celui de l'édition classique. Soucieuse des enjeux écologiques liés à la surproduction de livres et de la juste rémunération des auteurs, elle s’est donc inspirée du principe de « production à la demande », emprunté à l’éditeur italien Bookabook et au français Projets Sillex.
Une juste rémunération des auteurs
Grâce à la campagne de financement participatif, qui fixe un minimum de 250 préventes pour démarrer la création de l'album, les auteurs touchent un à-valoir. Puisque la campagne se poursuit alors que les artistes avancent sur leur projet, ces derniers sont « payés pour travailler et non l'inverse, à la différence de ce que l'on voit habituellement dans l'édition », explique la fondatrice d'Édifice. Celle-ci souhaite accorder 16% des revenus générés par un album à son auteur et prévoit la publication de quatre titres chaque année.
Dans le même temps, Julie Pommier a rassemblé une véritable communauté « active et engagée » sur les réseaux sociaux, avec qui elle partage les coulisses de la création éditoriale. Consultés sur le contenu esthétique des albums et investis dans la campagne de financement, les internautes sont donc doublement contributeurs. « Ils ont aussi choisi le nom de la maison et ont orienté le choix du logo », ajoute l'éditrice. En échange de leur soutien, elle prévoit une contrepartie symbolique en imprimant leur nom dans l’album. Une reconnaissance pour « ceux qui rendent possible ce projet ».