Elle s'appelle Anna. Au début, c'est encore presque une enfant. Au fil des ans, à sa façon, énigmatique, plurielle, elle le restera. Ce sera toujours une fille qui s'imagine être plusieurs, une fille qui entend des voix, qui parfois se sent comme voler dans sa chambre. Elle n'est pas normale, mais de toute façon, la normalité est un conte pour adultes naïfs. Sa vie est pleine de mystères, d'affections, dans tous les sens du terme. Un jour, elle a rencontré auprès de sa mère, tout aussi fragile qu'elle, un certain Georg, qui lui a donné des comprimés blancs et d'autres bleus. Il lui faudra les prendre toujours. Elle voudrait bien comprendre, elle voudrait que cela cesse, ce monde aussi mouvant que les nuages fuyant dans le ciel. Cette menace. Elle écrit quand même des choses comme « J'ai compris que ce dont j'avais peur (...) cette bête aux aguets, prête à me bondir au visage, n'était pas tapi derrière le rideau, mais en moi. »
Une bête aux aguets est le nouveau roman de Florence Seyvos à qui l'on doit notamment le merveilleux Le Garçon incassable (l'Olivier, 2013). C'est un conte sur la peur, donc, comme le sont plus ou moins tous les contes. C'est aussi comme presque tous les livres de l'auteure, une manière d'éducation sentimentale qui ne s'avoue pas comme telle.
Il y a dans l'écriture de Florence Seyvos quelque chose qui relève toujours de l'étrangeté du réel, de sa remise en question permanente, d'un onirisme noir dans lequel le lecteur a peur de se laisser couler, au regard de la fluidité de son écriture. Cette imprécision est le propre de la littérature. Mieux encore, le propre de la fiction. Puisque rien n'est vrai, tout l'est. Toujours, et à jamais.
La bête aux aguets
L’l’Olivier
Tirage: 8 000 ex.
Prix: 17 euros ; 144 p.
ISBN: 9782823611793