6 mars > Premier roman états-Unis

Le coup d’essai épistolaire de Carlene Bauer s’ouvre à New York en 1957. Lorsque Frances Reardon et Bernard Elliot se rencontrent à un atelier d’écriture. Elle a été élevée à Philadelphie, planche sur un roman dont elle a achevé le premier jet. Roman qui tourne autour d’une « religieuse au cœur de pierre qui, un beau jour, reçoit les stigmates ». Natif de Boston venu sur le tard au catholicisme, lui a suivi des études de lettres classiques à Harvard et ambitionne de devenir poète. Bernard a repéré d’emblée cette fille « avec un petit air virginal, à croire qu’elle a grandi dans une laiterie », qu’il trouve « sèche, rapide, et prompte à l’estocade ».

Les voici qui se mettent à s’envoyer des lettres. Une correspondance que Bernard envisage comme « un dialogue spirituel » et où il n’a aucune envie qu’ils parlent travail. Plutôt du Saint-Esprit ou de Kerouac - auteur auquel Frances est allergique et qui laisse Bernard indifférent. L’un séjourne parfois en Italie, où il se sent « d’une mélodieuse indolence », alors que l’autre campe à New York. Peu à peu, ces deux-là se dévoilent, se confient, apprennent à se connaître. Le lecteur se familiarise alors avec un jeune homme exigeant qui ne cache pas sa noirceur. Et avec une jeune femme qui se dépeint comme « archi-conventionnelle » et avoue avoir eu adolescente le béguin pour Cary Grant.

Collaboratrice du New York Times, Carlene Bauer s’est librement inspirée de la relation bien réelle entre le poète Robert Lowell et la romancière Flannery O’Connor. Le résultat donne un échange littéraire aussi touchant que vivifiant. Al. F.


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