A Mayfair, en novembre 2013, Tatiana de Rosnay est à la recherche de la maison où a vu le jour Daphné du Maurier, le 13 mai 1907. C’est à cette dernière que l’auteure d’Elle s’appelait Sarah (Héloïse d’Ormesson, 2007, repris au Livre de poche) consacre son dernier livre.
Un opus qui permet à Tatiana de Rosnay de suivre le parcours d’une romancière "célèbre et énigmatique" dont elle est une inconditionnelle de longue date. Laquelle a d’abord été une petite fille friande de Peter Pan et effrayée par La reine des neiges. Un quart française, Daphné a eu un grand-père écrivain et artiste, George dit Kiki, connu pour ses romans Peter Ibbetson et Trilby. Son père, Gerald, est un acteur qui triomphe sur les planches. Sa mère, Muriel, a elle aussi été actrice avant son mariage.
Dès l’âge de 4 ans, mademoiselle du Maurier a déjà trouvé le titre d’un livre. A mesure qu’elle grandit, elle se sent un garçon dans le corps d’une fille, tient son journal et s’avoue troublée par son cousin Geoffrey de plus de vingt ans son aîné. La voici à Paris dans les années 1920, où elle flâne sur les Champs-Elysées et à Trébeurden où elle se baigne nue.
En Cornouailles, celle qui plaît aux hommes de tous âges quand elle sort dans le monde, rédige à 22 ans son premier livre, L’amour d’une âme. Le début d’une œuvre menée de main de maître par une femme sans cesse à la recherche de liberté et de sensations.
On prolongera la lecture de vivifiant ouvrage de Tatiana de Rosnay avec celle de Rebecca (1938). Un chef-d’œuvre de nouveau disponible en librairie dans une traduction d’Anouk Neuhoff qui en restitue toutes les subtilités, la fièvre et la force. Al. F.