12 mars > roman Irlande

En 1984, il y eut près de Murn, en Irlande, un déluge de pluie et une sacrée crue. Avec son lot de noyés et de disparus. Pas moins de neuf en douze jours. Si bien que le prêtre local en était venu à enjoindre ses ouailles de combattre les ténèbres par la lumière… La rivière d’Enoch O’Reilly, le premier roman traduit en français de Peter Murphy, a pour héros un type qui boit du Glenfiddich dans une tasse en porcelaine, porte des lunettes d’aviateur aux verres teintés "comme les vitres d’une limousine" et tient sur ses genoux un fusil à double canon. Enoch O’Reilly habite Ballo Manor, une vieille bâtisse à trente kilomètres au sud de Murn.

Voici un gaillard né l’année où Elvis Presley enregistrait Blue moon. D’une mère qui le gavait de meringues et de gâteaux. Et d’un père qu’il n’avait jamais vu "en pyjama ou en robe de chambre". A 6 ans, l’été 1969, l’existence du jeune Enoch bascule quand il entend un prédicateur à la radio de son père et qu’il est aussitôt terrassé par le pouvoir de l’Esprit. Sans compter qu’Elvis lui apparaît en rêve. Du coup, il veut être prêcheur, s’inscrit au grand séminaire mais précise bien qu’il ne croit pas en Dieu. Avant de croiser la route d’Alice Stafford qui boit du scotch et prétend n’avoir "aucun penchant pour les choses de l’amour". Une Alice à qui il déclare être "promis au verbe"

Peter Murphy a des talents de conteur évidents, un art de surprendre le lecteur. Le rocker et poète Richard Hell a bien raison quand il affirme que La rivière d’Enoch O’Reilly est "un roman majestueux et sordide. Comme si la Bible parlait vraiment d’Elvis".

Al. F.

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