L’ouverture du premier roman d’Emmanuel Brault annonce la couleur, ou plutôt le problème de son narrateur avec celle-ci : "Les rouges. Tout un poème mais à l’envers. Je peux vous en parler, moi." Ce "moi", c’est l’antihéros dérangeant de Les Peaux rouges, à paraître chez Grasset le 30 août.

Raciste assumé, Amédée Gourd, n’a d’autre attache que sa grand-mère et évolue au sein d’une société anti-raciste à l’extrême. Un matin, en retard pour son travail de cariste, il heurte accidentellement une femme à la peau rouge. "Fais pas chier sale rougeaude", lâche-t-il lors de l'altercation. L’insulte raciale équivaut à un procès expéditif et un aller direct en prison, puis dans un centre, où ce solitaire apprend à "soigner" son racisme.
 
L’écriture oralisée d’Emmanuel Brault compose un roman au parti pris amoral et volontairement "bouffon", comme il le décrit dans une vidéo de présentation pour la librairie Mollat. Le primo-romancier explore le thème de la haine à travers celle prônée et subie par son narrateur. "Le racisme c’est le ver des solitaires", écrit-il, en écho à l’impasse dans laquelle se trouve son personnage.
 
Pour la rentrée littéraire, Les Peaux rouges fait partie des 10 premiers romans sélectionnés pour le prix Stanislas. Annoncé le 29 août, le lauréat se verra décerner son prix le 9 septembre lors du festival Livre sur la Place de Nancy.