Les visiteurs n’auront plus - reproche souvent exprimé - à chercher l’entrée, jusqu’alors peu visible, de la Bibliothèque nationale de France : depuis le 29 novembre, l’immense portique de métal que l’architecte Dominique Perrault a ajouté à son œuvre d’origine, côté est, constitue un repère visible de loin. Deux ascenseurs et un escalier desservent un hall, lui aussi entièrement transformé. Les travaux de l’entrée ont en effet été l’occasion de repenser les espaces d’accueil pour les rendre plus attrayants et conviviaux, en particulier pour les moins de 25 ans qui représentent 58,4 % des usagers du niveau haut-de-jardin (grand public). « Tous les établissements du monde font le constat qu’il est nécessaire d’offrir aux lecteurs une diversité dans les postures de lecture et dans les usages de la bibliothèque », explique Bruno Racine, président de la BNF. Dans le hall devenu plus lumineux, les lecteurs trouvent deux points d’accueil, des places assises individuelles, des tables basses, des sièges avec lutrins intégrés, et disposent d’une connexion Wi-Fi. Les salles de lecture se transforment également, abandonnant progressivement leur grande banque d’accueil pour des bureaux moins impressionnants et s’équipant de postes de consultation des documents audiovisuels de la BNF. Elles proposeront aussi prochainement des pôles thématiques (sur le développement durable, l’Europe, la francophonie).

Des cinémas qui font débat.

Le réaménagement de l’entrée a été financé par un partenariat public-privé avec Marin Karmitz, propriétaire des cinémas MK2 : celui-ci a pris en charge le coût de l’opération (2,5 millions d’euros) en échange de quoi il bénéficie d’un loyer gratuit pendant cinq ans pour un espace prévu dès l’origine pour un usage commercial et jusqu’alors inutilisé, dans lequel il a installé 4 salles de cinéma. Cet accord soulève depuis le début la colère du syndicat FSU de la BNF qui dénonce « l’aliénation pour une longue période à des intérêts privés ». Pour Bruno Racine, l’entrée commune à la bibliothèque et aux cinémas participe de la volonté de relier la BNF à son environnement et de sensibiliser un nouveau public. « MK2 est un acteur culturel avec lequel des synergies seront possibles », défend le président de la BNF.

Véronique Heurtematte