A la Comédie-Française d'abord, Eric Ruf, son administrateur depuis 2014, a été reconduit mercredi 20 juillet à la tête du plus prestigieux théâtre de France, lors du Conseil des ministres. Acteur et metteur en scène, Eric Ruf, 53 ans, est membre de la troupe du "Français" depuis près de 25 ans.
Durant ses huit premières années de mandat, Eric Ruf a notamment ouvert l'institution à l'international, en attirant par exemple l'Allemand Thomas Ostermeier en 2018 pour une version déjantée de "La Nuit des Rois" de Shakespeare. Il a aussi encouragé une nouvelle génération de metteuses en scène et embauché des talents issus de la diversité. "Je m'en fous de leur couleur de peau. (...) Les acteurs qui entrent dans cette maison sont choisis pour leur talent", soulignait-il auprès de l'AFP en début d'année, à l'occasion du 400e anniversaire de la naissance de Molière, figure tutélaire.
En 2016, il a aussi fait revenir la troupe au festival d'Avignon après 23 ans d'absence. Egalement metteur en scène, décorateur et scénographe, il a eu à gérer des grèves, notamment celle de techniciens en 2018, et la crise sanitaire du Covid-19, avec le lancement lors du premier confinement d'une "webtélé".
Dominique Boutonnat au CNC
Toujours à l'issue du Conseil des ministres du 20 juillet, Dominique Boutonnat a été reconduit à la tête du Centre national du cinéma (CNC), malgré un bilan contesté par certains cinéastes et sa mise en examen pour des accusations d'agression sexuelle qu'il réfute.
Le 25 avril, le parquet de Nanterre avait requis le renvoi devant le tribunal correctionnel de Dominique Boutonnat pour agression sexuelle sur son filleul, avec qui il n'a pas de lien familial. Selon son avocat, Dominique Boutonnat, 52 ans, connu comme producteur de cinéma, "conteste fermement l'ensemble des faits". Lors d'un entretien au Parisien en juin, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, avait milité pour sa reconduction: "Il est mis en examen, pas condamné. La présomption d'innocence prévaut".
En outre, plusieurs réalisateurs, dont Jacques Audiard et Pierre Salvadori, réunis au sein de la SRF (Société des réalisateurs de films), ont récemment critiqué la politique "ouvertement libérale et trop souvent court-termiste" du président du CNC. La nomination, il y a trois ans, de ce donateur de la campagne électorale d'Emmanuel Macron était déjà mal passée dans un milieu inquiet de voir s'imposer une logique fondée sur la rentabilité, mettant en danger le cinéma d'auteur.
La ministre de la Culture est montée au créneau pour défendre son bilan: "Il est le patron d'un CNC qui a fait face à la crise et qui, par ailleurs, a été pionnier sur la lutte contre les violences sexuelles et sexistes". Depuis le 1er janvier 2021, l'attribution et le versement de toutes les aides du CNC sont subordonnés au respect, par les bénéficiaires, des obligations de prévention du harcèlement sexuel, comme le suivi de cette formation ou la désignation d'un référent harcèlement obligatoire pour les structures de plus de 250 salariés. Dominique Boutonnat, qui a commencé sa carrière dans les assurances, a dû batailler sec pour un secteur très durement touché par les restrictions mises en place pendant la pandémie (fermeture des salles, jauges...), et par la concurrence des plateformes.