En amont de la chaîne du livre : l’auteur. Et pourtant, jusqu’ici, les écrivains et illustrateurs espagnols n’avaient aucune prise sur le volume exact des titres écoulés, dont dépend le versement de droits d’auteur. Un manque de transparence qui a fait l’objet de nombreuses plaintes, mais qui pourrait désormais s’éclaircir, comme le rapporte El Pais, grâce à un accord passé entre l’Association collégiale des écrivains (ACE) et la Confédération espagnole des associations et guildes de libraires (CEGAL). A partir du mois de juin, les 2 200 membres de l’ACE pourront obtenir, auprès des librairies, un rapport détaillé de leurs ventes, sans l’intermédiaire des maisons d’édition.
L’accès au logiciel des libraires pour davantage de transparence
Contre la somme de dix euros, selon une information de France Info, les auteurs espagnols pourront accéder aux données de LibriRed, logiciel informatique des librairies disponible sur la plateforme Todostuslibros.com, qui recense le nombre de ventes d’un titre. « Les outils utilisés par les libraires doivent être utiles à l’ensemble de la chaîne du livre et contribuer à la transparence », a déclaré Alvaro Manso, porte-parole de CEGAL à El Pais.
L’alliance entre auteurs et libraires pourrait donc chambouler les maisons d’édition. Jusque-là, les écrivains devaient se fier aux décomptes annuels des éditeurs pour le versement de leurs droits d’auteur, généralement fixés à 10 % du prix du livre. Désormais, si l’auteur s’aperçoit que les chiffres énoncés par son éditeur ne correspondent pas à ceux qu’il a lui-même consultés, il sera davantage en mesure de porter réclamation auprès de l’éditeur, voire de faire valoir ses droits en justice.
« Un éditeur m’a dit qu’il avait l’impression d’être accusé de comportements illégaux », a rapporté Manuel Rico, président de l’ACE, précisant que là n’était pas l’objectif de l’accord collectif. « Le système va distinguer les éditeurs qui agissent correctement des autres », a-t-il conclu, ajoutant que les plaintes enregistrées par l’association concernent davantage les petits éditeurs que les grands groupes.
En France, les auteurs toujours dépendants des éditeurs
Côté français, le 9e baromètre des relations auteurs/éditeurs Scam/SDGL communiqué le 23 mars dernier, a révélé une « précarisation à l’œuvre », avec des à-valoir en baisse ou inexistants, des taux de rémunération stagnant ou encore des redditions de compte à la traîne. Et la création d’espace auteurs, comme chez Hachette et Editis, ou de plateforme de gestions des droits d’auteur telle que Crealo, n’a pas altéré ces résultats, les auteurs dépendant toujours de leurs éditeurs pour accéder aux données de leurs titres.