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Faits-divers dans l’édition : le miracle du petit écran (3/3)

Aaron Paul et Krysten Ritter dans Breaking bad - Photo AMC

Faits-divers dans l’édition : le miracle du petit écran (3/3)

Les formats dédiés aux faits-divers ne cessent de fleurir sur les petits écrans. Une production abondante à laquelle les éditeurs ne sont pas étrangers.

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Par Pauline Gabinari
Créé le 29.04.2022 à 10h34

Le 21 novembre 2020, Jonathann Daval est condamnée à 25 ans d'emprisonnement pour le meurtre de sa femme, Alexia. Une affaire qui, si elle a suscité l'envie d'écrire avec bientôt trois livres à son actif, a également éveillé l'appétit des producteurs. Michel Lafon a vendu ses droits à la société de production Éléphant pour une diffusion sur TF1, avant même la sortie de son ouvrage, Gaumont a déjà une option sur le titre de Robert Laffont et Hugo Doc est en cours de négociation. "Dès que la presse a su la sortie du témoignage des parents d'Alexia, tout le monde s'est emballé, raconte la responsable des droits audio-visuels de Robert Laffont, Lucille Besse, environ cinq boites de production nous ont demandé le titre, ça a été les vraies enchères", lance-t-elle.

Penser Télé

Partenariat de longue date, l'histoire d'amour et d'argent entre l'édition et l'audiovisuel semble atteindre son point culminant dans ces ouvrages de true crime où chacun trouve son compte entre légitimité d’auteur et intérêt économique. Dans l'édition depuis de longues années, Sophie Charnavel la directrice des éditions Robert Laffont, l'a bien compris. Pour certains textes, elle va jusqu'à en penser le pendant audiovisuel. "Cela avait très bien marché pour le livre de Jacqueline Sauvage. Lors de l'adaptation, les scénaristes avaient repris la même trame narrative que j'avais construite", se rappelle-t-elle, puisant dans ses années Fayard. 

Plus récent, c'est aussi ce qui a inspiré Ronan Folgoas dans l'écriture de son enquête L'affaire Jubillard : "La structure avec flashback pour laquelle j'ai opté est très utilisée à l'écran". Primo romancier de cette nouvelle maison d'édition, initialement boite de production, il a d'ailleurs tout de suite enchaîné comme co-auteur d’un documentaire dédié à l'affaire. "Il y a eu un record d'audience sur RMC story ce jour-là", précise le journaliste du Parisien.     

"Un livre pour eux, c'est du pain béni"

Au-delà de la légendaire « patte de l’auteur » qui se retrouve souvent scénariste ou co-auteur de son adaptation, plusieurs facteurs poussent les producteurs à payer comptant. « D’un point de vue juridique, un livre est passé au crible et, même si ses droits sont achetés un éditeur reste responsable légalement de son ouvrage », explique l’un des auteurs de L’affaire Daval (titre provisoire), chez Michel Lafon, Laurent Briot. « Cela rassure aussi les diffuseurs et facilite donc les ventes auprès d’eux », précise-t-il. Ce point a par exemple joué dans la balance lors de la vente des droits son ouvrage par Eléphant. 

Le livre ne tranquillise pas seulement les acteurs économiques. Il permet d’apaiser les familles, souvent proches de la victime. « Pour elles, on s’empare d’une histoire déjà écrite qu’elles maîtrisent », dit Lucille Besse. Chez Robert Laffont, elle accompagne notemment un livre témoignage sur l'affaire Maëlys, une petite fille tuée par Nordahl Lelandais en 2017. Ce texte publié il y a quatre mois « suscite déjà pas mal d’intérêt du côté des boites de production » par son histoire mais aussi son autrice, la mère de la petite fille. « Un livre pour eux, c’est du pain béni », résume Sophie Charnavel.

Généralement adapté sur le petit écran, le true crime peine toutefois à faire sa place sur les toiles. « Au cinéma, le fait divers en tant qu’histoire vraie ne suffit pas. Il faut davantage l’événementialiser que pour une diffusion à la télévision », explique Guillaume Colboc, directeur du développement adjoint chez Gaumont, comme pour donner un avant-goût de leur adaptation de l’affaire Daval.  

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