La polémique sur la fermeture des librairies continue d'agiter le milieu de la culture, à quelques jours du déconfinement. Le Syndicat de la librairie française (SLF) n'a pas apprécié les propos de l'ancien ministre de la Culture, Jack Lang, qui a estimé dans une interview au
Monde que les librairies ont commis "
une erreur" en ne voulant pas rester ouvertes alors que le gouvernement l'envisageait. "
C'est au nom des valeurs que vous défendez que les libraires ont jugé prématurée une réouverture de leurs commerces au pic de l'épidémie", a rétorqué le président du SLF, Xavier Moni, dans un billet publié sur le site de l'organisation.
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Il s'agit là d'un mauvais procès, continue le responsable.
Comment penser que les librairies auraient tiré leurs rideaux de gaieté de cœur ?" Et le libraire de rappeler la chronologie des faits : d'abord une fermeture administrative prononcée par le gouvernement, le 17 mars, puis deux jours plus tard la porte ouverte du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, qui n'excluait pas de réfléchir aux conditions d'une réouverture.
Une situation délicate
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Nous étions alors au pic de l'épidémie, resitue Xavier Moni.
Des centaines de morts chaque jour, des services hospitaliers à la limite de la saturation, des injonctions, au plus haut niveau de l'Etat, à respecter le confinement le plus strict pour sauver des vies, une incertitude immense quant à notre capacité collective à maîtriser la propagation de ce virus. Vous avez souvent dit que le livre n'était pas un produit comme les autres, ni les librairies un commerce ordinaire. C'est bien au nom de cette spécificité et des valeurs qu'elle recouvre que nous avons fait primer la vie sur nos intérêts financiers à court terme."
La décision de garder fermées les librairies pendant la période du confinement a généré de nombreuses polémiques ces deux derniers mois. Certains libraires et acteurs du monde culturel, comme Jack Lang, estiment que la fermeture des établissements a laissé le champ libre aux géants du commerce en ligne comme Amazon, cible des librairies indépendantes.
Plusieurs voix se sont élevées pour réclamer que les librairies soient considérées comme des commerces "
essentiels" et puissent réouvrir. Le SLF a toutefois préféré argumenter en faveur de la fermeture, inquiet du risque de transmission du Covid-19, sans empêcher des centaines de librairies de poursuivre leur activité avec la livraison à domicile ou le "
drive", ce service "click & collect" mis en place dans la troisième semaine d'avril.