édito par Christine Ferrand, rédactrice en chef

Jean d’Ormesson s’inquiète de la mort du roman. A le lire, on pourrait penser que c’est pour assurer sa survie que le mot « roman » est apposé sur la couverture du deuxième volume de ses souvenirs, Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit. Sa définition de ce genre littéraire est assez lâche, mais c’est la sienne : « Voici encore un roman - ou quelque chose, vous savez bien, qui ressemble à un roman, écrit-il : des histoires, quelques délires, pas de descriptions, grâce à Dieu, un peu de théâtre, pourquoi pas ? et des souvenirs, épars et ramassés pêle-mêle, d’une vie qui s’achève et d’un monde évanoui. »

C’est en tout cas bien vu : son livre arrive au troisième rang des meilleures ventes de romans de la semaine, juste après La nostalgie heureuse, où Amélie Nothomb raconte le tournage, bien réel, d’un reportage sur son retour au Japon de son enfance. Elle aussi prend la précaution de prévenir son lecteur dès la quatrième de couverture qui proclame : « Tout ce que l’on aime devient fiction. »

Essais, Mémoires, documents, tout est aujourd’hui susceptible d’être étiqueté « roman », brouillant les repères et troublant les bibliographes.

C’est que, quoi qu’en pense Jean d’Ormesson, le roman ne s’est jamais aussi bien porté. Il est même le genre préféré des lecteurs. Notre petit sondage de l’été, sur Livreshebdo.fr, en témoigne. A la question « En été, quel genre lisez-vous le plus ? », 78 % des internautes répondent des romans, contre 11 % des essais ou de témoignages, les autres préférant les BD, la poésie ou les pièces de théâtre.

Commercialement porteuse, l’étiquette « Roman » a tous les avantages. Elle permet à l’écrivain de prendre toutes les licences qu’il veut avec la réalité, elle évite les procès en diffamation ou pour violation du secret de la vie privée et permet en théorie d’accéder directement au statut de « littérature ».

Signe tangible de la modernisation et de la montée en gamme de l’édition chinoise, les romans français étaient aussi à la fête à la Foire internationale du livre de Pékin. Il reste ensuite à les acheminer vers les lecteurs. Et là, c’est une autre histoire, comme nous l’expliquons dans notre Evénement, « Chine : le grand écart ».

11.10 2013

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