Assises de l'édition indépendante 2025

Gérer la précarité : le quotidien de l'édition indépendante

Conférence aux Assises nationales de l'édition indépendante à Bordeaux - Photo Antoine Masset

Gérer la précarité : le quotidien de l'édition indépendante

Aux Assises de l'édition indépendante, à Bordeaux du 19 au 21 février, les échanges ont autant porté sur les causes de la précarité avec laquelle doivent composer les petits éditeurs que sur les solutions pour pérenniser leurs économies par nature fragiles.

J’achète l’article 1.5 €

Par Antoine Masset
Créé le 21.02.2025 à 14h01

La précarité des éditeurs indépendants figurait en bonne place dans le programme de la 2e édition des Assises de l'édition indépendante, du 19 au 21 février à Bordeaux. Elle a aussi été au coeur des échanges entre professionnels pendant les trois jours de la manifestation.

Une concentration inégale

Ses causes sont connues : en raison de la concentration éditoriale (les 10 premiers groupes représentent près de 90 % des parts du marché et monopolisent la diffusion et la distribution), les indépendants peinent à trouver un espace en librairie. Une étude de la Fedei publiée ce jeudi 20 février illustre d'ailleurs leurs difficultés. Par exemple, leur rentabilité moyenne se situe à -1,1%.

« La différence entre les gros et les petits éditeurs, c'est que chaque année on remet notre maison en jeu, dépeint Vincent Henry, éditeur à La Boîte à bulles. Nous n'avons pas de rentabilité ni de gros auteurs qui assurent un important nombre de ventes de fonds. »

La fuite des plumes vers des grands groupes provoque aussi un appauvrissement des éditions indépendantes. « Si les grands groupes pouvaient mettre au moins la bibliographie "Du même auteur" au début de chaque livre pour bénéficier de la réussite de l'auteur », suggère un indépendant qui met en avant le rôle de pépinière des petites maisons dans l'écosystème éditorial.

Des structures fragiles

Patrice Locmant, directeur de la Société des gens de lettres (SGDL), déplore quant à lui le phénomène de surproduction et de surpublication au détriment des indépendants. « La durée de vie de chaque livre s'écourte. Moins de chance leur est donnée. »

La question du partage de la valeur entre éditeur indépendant et diffuseur a également été abordée au sein d'un marché de prix fixe et concurrentiel.

Le directeur du diffuseur indépendant DOD&CIE, David Rupied, a de son côté souligné plusieurs causes de précarité observées chez ses éditeurs : la baisse des ventes, la mauvaise gestion des stocks avec les impressions et les réimpressions et ne pas savoir remettre en cause sa ligne éditoriale.

Il conseille notamment le développement d'ouvrages grand public susceptibles de mieux se vendre et de s'imposer comme des livres de fonds, pour faciliter le développement du reste du catalogue.

Il défend aussi le principe de structures de diffusion et de distribution indépendantes pour un meilleur équilibre du secteur éditorial en séparant les maisons de leur branche de diffusion et de distribution.

OPlibris et Filéas

Pour venir en aide aux éditeurs, plusieurs logiciels voient le jour dont OPlibris, présenté lors de la première édition des Assises il y a deux ans par Albert de Pétigny. Cette plateforme digitale de gestion éditoriale à destination des éditeurs indépendants prend la forme d'un super assistant personnel et propose notamment un module de référencement.

Présentation du logiciel OPlibris
Présentation du logiciel OPlibris- Photo ANTOINE MASSET

Ouverte fin décembre, elle compte déjà 92 instances créées et son prix varie selon le chiffre d'affaires de la maison, en partant d'un minimum de 55 euros par mois, soit 600 euros par an.

Autre projet évoqué durant ces Assises et bénéfique pour l'édition indépendante : Filéas. Cette nouvelle société dédiée au suivi des ventes de livres et au service de l’interprofession aidera notamment les éditions plus modestes à mieux gérer et anticiper les tirages et les réimpressions.

Les dernières
actualités