Avant-Critique Théâtre

La libre existence de la poète Gertrude Stein, son charisme et sa plume suffisent à la qualifier aujourd'hui de féministe, alors même qu'elle écrivait à ce propos : « Ce n'est pas mon affaire. » C'est dans ses œuvres posthumes que la verve féministe de Stein surgit de façon explicite. L'auteure de la célèbre phrase « Rose is a rose is a rose is a rose » (« Sacred Emily », 1913), rassemble dans le tout dernier texte qu'elle a composé avant sa mort en 1946, Notre mère à tous, une histoire des luttes sociales, abolitionnistes et féministes du XIXe siècle.

Cette pièce de théâtre, qu'elle n'a jamais vue publiée ni mise en scène, réunit des figures historiques du XIXe siècle américain, des célébrités de son époque et des personnages imaginaires. Susan B. Anthony, née en 1820, militante des droits civiques qui luttait également pour le droit de vote des femmes, est la protagoniste de cette pièce. Celle qui avait été arrêtée pour avoir tenté de voter aux présidentielles de 1872 incarne ici la lutte intersectionnelle du XIXe siècle, lutte dont Stein regrette qu'elle passe déjà dans l'oubli. Le mariage, le travail, l'esclavage, l'application des lois... Stein examine « les peurs des hommes » qui ont empêché l'émancipation des opprimés dans son pays en son temps. Ainsi prête-t-elle sa voix à la suffragette, décédée en 1906 : « Ils ne feront pas ce qu'ils pourraient et moi on me laissera mourir toute seule mais eux ils n'auront pas fait ce qu'il faut pour que je n'aie pas vécu et lutté en vain. »

Gertrude Stein
Notre mère à tous Traduit de l’anglais (États-Unis) par Martin Richet
Cambourakis
Tirage: 1 600 ex.
Prix: 15 € ; 72 p.
ISBN: 9782366246735

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